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Voilà donc une race en possession des vérités primordiales de la religion, douée à un haut degré de la préoccupation du passé, sentiment qui la distinguera toujours et qui n’illustrera pas moins les Arabes et les Hébreux que les Hindous, les



antéhistorique, ne sont pas sans analogie avec les ingénieux travaux des géologues, et, trouvées par non moins de sagacité et d’acutesse d’esprit, elles conduisent à des résultats aussi précis, aussi incontestables, et tels que les annales positives sont loin de les donner toujours. Ainsi, de ce qu’on rencontre l’usage du char de guerre chez tous les peuples que j’ai énumérés, on conclut, et avec toute raison, que cette mode guerrière était pratiquée par les rameaux blancs d’où sont descendus les Égyptiens, les Hindous, les Galls. En effet, l’idée de combattre en voiture n’est pas de ces notions essentielles qui, comme celles de manger et de boire, viennent indifféremment à toutes les créatures, sans consultation ni entente préalable. D’autre part, c’est une de ces découvertes compliquées qui, une fois faites et jusqu’à ce qu’elles soient remplacées par de plus heureuses, ou entravées dans leur application par des circonstances locales, persistent dans les nations et contribuent à leur luxe comme à leur force. On a pu préciser de la même manière le genre de vie des populations blanches primitives. L’examen des langues qu’on nomme indo-germaniques a fait reconnaître dans le sanscrit, le grec, le latin, les dialectes celtiques et slaves, une parfaite identité de termes pour tout ce qui touche à la vie pastorale et aux habitudes politiques. C’est en considérant les mots de près et dans leurs racines qu’on a appris de quelles idées découlaient les notions simples ou complexes que ces mots étaient chargés de reproduire. On a trouvé que, pour nommer un bœuf, un cheval, un chariot, une arme, les blancs primitifs avaient des expressions qui sont demeurées inébranlablement attachées au lexique de la plupart des langues de la même famille. Les habitudes guerrières et pastorales avaient donc chez eux de profondes racines. En même temps, on remarquait, dans toutes ces langues, la diversité des formes employées pour tout ce qui ressort de l’agriculture, comme les noms des végétaux et des instruments aratoires. Le travail de la terre est donc une invention postérieure aux séparations de la grande famille, etc. En poursuivant le même travail étymologique, on a de même connu ce que les blancs primitifs entendaient par un Dieu ; l’idée qu’emportaient, pour eux, le mot roi, celui de chef. L’étude comparée des idiomes a donné, ainsi, trois grands résultats à l’histoire  : 1° la preuve de la parenté des nations blanches les plus séparées par les distances géographiques ; 2° l’état commun dans lequel ces nations vivaient antérieurement à leurs migrations ; 3° la démonstration de leur précoce sociabilité et de ses caractères.