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Grecs, les Romains, les Gaulois et les Scandinaves. Habile dans les principaux arts mécaniques, ayant assez médité déjà sur l’art militaire pour en faire quelque chose de plus que les rixes élémentaires des sauvages, et souveraine de plusieurs classes d’animaux soumises à ses besoins, cette race se montre à nous, placée vis-à-vis des autres familles humaines, sur un tel degré de supériorité, qu’il nous faut, dès à présent, établir, en principe, que toute comparaison est impossible par cela seul que nous ne trouvons pas trace de barbarie dans son enfance même. Faisant preuve, à son début, d’une intelligence bien éveillée et forte, elle domine les autres variétés incomparablement plus nombreuses, non pas encore en vertu d’une autorité acquise sur ces rivales humiliées, puisque aucun contact notable n’a eu lieu, mais déjà de toute la hauteur de l’aptitude civilisatrice sur le néant de cette faculté.

Le moment d’entrer en lutte arriva vers la date indiquée plus haut. Cinq mille ans pour le moins avant notre ère, le territoire occupé par les tribus blanches fut franchi. Poussées probablement par des masses parentes qui commençaient, elles-mêmes, à s’ébranler dans le nord sous la pression des peuples jaunes, les nations de cette espèce qui se trouvaient placées le plus au sud, abandonnèrent leurs demeures antiques, traversèrent les contrées basses, connues des Orientaux sous le nom de Touran (1)[1], et, attaquant à l’ouest les races noires qui leur barraient



(1) M. A. de Humboldt fait observer que les contrées à l’est de la Caspienne subissent une dépression considérable (Asie centrale, t. I, p. 31). Le passage est intéressant ; le voici tout entier : « Ces deux grandes masses (le monde anglo-hindou et le monde russe-sibérien) ou divisions politiques ne communiquent, depuis des siècles, que par les basses régions de la Bactriane, je pourrais dire par la dépression du sol qui entoure l’Aral et le bord oriental de la Caspienne entre Balkh et Astrabad, comme entre Tachkend et l’isthme de Troukhmènes. C’est une bande de terrains, en partie très fertile, à travers laquelle l’Oxus a tracé son cours... C’est le chemin de Delhy, de Lahore et de Kaboul à Khiva et à Orenbourg... La dépression du sol asiatique, sur laquelle des mesures très récentes et de la plus haute précision ont rectifié les notions, se prolonge sans doute aussi au delà du rivage occidental de la Caspienne ; mais en descendant du plateau de la Perse par Tebriz et par Erivan (plateau de 600 à 700

  1. (1) M. A. de Humboldt fait observer que les contrées à l’est de la Caspienne subissent une dépression considérable (Asie centrale, t. I, p. 31). Le passage est intéressant ; le voici tout entier : « Ces deux grandes masses (le monde anglo-hindou et le monde russe-sibérien) ou divisions politiques ne communiquent, depuis des siècles, que par les basses régions de la Bactriane, je pourrais dire par la dépression du sol qui entoure l’Aral et le bord oriental de la Caspienne entre Balkh et Astrabad, comme entre Tachkend et l’isthme de Troukhmènes. C’est une bande de terrains, en partie très fertile, à travers laquelle l’Oxus a tracé son cours... C’est le chemin de Delhy, de Lahore et de Kaboul à Khiva et à Orenbourg... La dépression du sol asiatique, sur laquelle des mesures très récentes et de la plus haute précision ont rectifié les notions, se prolonge sans doute aussi au delà du rivage occidental de la Caspienne ; mais en descendant du plateau de la Perse par Tebriz et par Erivan (plateau de 600 à 700 toises d’élévation), vers Tiflis, on rencontre la chaîne du Caucase touchant presque au bassin des deux mers et offrant une route militaire très fréquentée, qui a 7530 pieds de hauteur. »