Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/277

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le passage, parurent en dehors des limites qu’elles n’avaient encore jamais touchées ni même jamais vues.

Cette descente primordiale des peuples blancs est celle des Chamites, et développant, ici, ce que j’indiquais quelques pages plus haut, je réclamerai contre l’habitude, peu justifiée à mon sens, de déclarer ces multitudes primitivement noires. Rien dans les témoignages anciens, n’autorise à considérer le patriarche, auteur de leur descendance, comme souillé par la malédiction paternelle, des caractères physiques des races réprouvées. Le châtiment de son crime ne se développa qu’avec le temps, et les stigmates vengeurs ne s’étaient pas encore réalisés à cet instant où les tribus chamites se séparèrent du reste des nations noachides.

Les menaces mêmes dont l’auteur de l’espèce blanche, dont le père sauvé des eaux a flétri une partie de ses enfants, confirment mon opinion. D’abord, elles ne s’adressent pas à Cham lui-même, ni à tous ses descendants. Puis, elles n’ont qu’une portée morale, et ce n’est que par une induction très forcée que l’on a pu leur attribuer des conséquences physiologiques. « Maudit soit Chanaan, dit le texte, il sera serviteur des serviteurs de ses frères (1)[1] ».


toises d’élévation), vers Tiflis, on rencontre la chaîne du Caucase touchant presque au bassin des deux mers et offrant une route militaire très fréquentée, qui a 7530 pieds de hauteur. »

(1) Genèse, ch. IX, v. 25 : « Ait : Maledictus Chanaan, servus servorum erit fratribus suis. » Jamais l’expression de Chanaan n’a indiqué un peuple nègre ni même complètement noir. Elle s’applique, historiquement, à des populations métisses inclinant, sans doute, vers l’élément mélanien, mais non pas identiques avec lui, et la Vulgate a parfaitement établi le fait en reproduisant rigoureusement le terme hébreu (hébreu) et non pas (hébreu) de sorte qu’il n’est même pas possible de se méprendre au sens du passage. D’ailleurs, si l’on veut un commentaire, il se trouve clair et précis au chap. XX, v. 5, de l’Exode, où il est dit : « Ego sum Dominus Deus tuus fortis, zelotes, visitans iniquitatem patrum in filios, in tertiam et quartam generationem eorum qui oderunt me. » La punition des coupables dans la décadence de leur famille est trop fréquemment racontée par les livres saints pour que je ne sois pas dispensé d’en fournir ici tous les exemples.

Je conclus que la Bible ne déclare pas que Cham, personnellement,

  1. (1) Genèse, ch. IX, v. 25 : « Ait : Maledictus Chanaan, servus servorum erit fratribus suis. » Jamais l’expression de Chanaan n’a indiqué un peuple nègre ni même complètement noir. Elle s’applique, historiquement, à des populations métisses inclinant, sans doute, vers l’élément mélanien, mais non pas identiques avec lui, et la Vulgate a parfaitement établi le fait en reproduisant rigoureusement le terme hébreu (hébreu) et non pas (hébreu) de sorte qu’il n’est même pas possible de se méprendre au sens du passage. D’ailleurs, si l’on veut un commentaire, il se trouve clair et précis au chap. XX, v. 5, de l’Exode, où il est dit : « Ego sum Dominus Deus tuus fortis, zelotes, visitans iniquitatem patrum in filios, in tertiam et quartam generationem eorum qui oderunt me. » La punition des coupables dans la décadence de leur famille est trop fréquemment racontée par les livres saints pour que je ne sois pas dispensé d’en fournir ici tous les exemples. Je conclus que la Bible ne déclare pas que Cham, personnellement, sera noir, ni même esclave, mais seulement que Chanaan, c’est-à-dire un des fils de Cham, sera un jour dégradé dans son sang, dans sa noblesse, et réduit à servir ses cousins. — J’ajouterai encore une dernière observation. La postérité de Cham ne s’est pas bornée au seul Chanaan. Le patriarche eut encore trois fils, outre celui-là : Chus, Mesraïm et Phuth (Gen., X, 6), et le texte ne dit nullement qu’ils aient été atteints par la malédiction. N’y a-t-il pas quelque chose de singulier dans un récit qui respecte le vrai coupable et la plus grande partie de sa postérité, pour ne faire tomber les effets vengeurs du crime que sur un seul membre de la famille, Chanaan, sur celui-là même qui se trouva en compétition territoriale et religieuse avec les enfants d’Israël ? Il s’agirait donc ici bien moins d’une question physiologique que d’une haine politique.