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zèle. Se couper un membre, s’arracher les organes de la virilité, c’était faire œuvre pie. Imiter, de plein gré, sur sa personne les atrocités que la justice civile exerçait envers les coupables, s’abattre le nez et les oreilles, et se consacrer tout sanglant, dans cet équipage, au Melkart Tyrien ou au Bel de Ninive, c’était mériter les faveurs de ces abominables fétiches.

Voilà le côté féroce ; passons au dépravé. Les turpitudes que, bien des siècles après, Pétrone décrivait dans Rome, devenue asiatique, et celles dont le célèbre roman d’Apulée, d’après les fables milésiennes, faisait matière à badinage, avaient droit de cité chez tous les peuples assyriens. La prostitution, recommandée, honorée et pratiquée dans les sanctuaires, s’était propagée au sein des mœurs publiques, et les lois de plus d’une grande ville en avaient fait un devoir religieux et un moyen naturel et avouable de s’acquérir une dot. La polygamie, pourtant bien jalouse et terrible dans ses soupçons et ses vengeances, ne s’armait d’aucune délicatesse à cet égard. Le succès vénal de la fiancée ne jetait sur le front de l’épouse l’ombre d’aucun opprobre.

Lorsque les Sémites, descendus de leurs montagnes, étaient apparus, 2.000 ans avant Jésus-Christ (1)[1], au milieu de la société chamite et l’avaient même, dans la basse Chaldée (2)[2],



(1) Je donne ici la date indiquée par Movers (Das Phœnizische Alterthum, t. II, 1re, partie, p. 259). Lassen (Indische Alterthumskunde, t. I, p. 752) fait mention d’une dynastie existant à cette époque, mais ne se prononce pas sur son origine ethnique. Le colonel Rawlinson (Outlines of Assyrian history, p. XV) ne connaît pas d’empire sémitique avant le treizième siècle qui a précédé notre ère. C’est alors qu’il trouve dans les inscriptions la mention d’un roi nommé honorifiquement Derceto, ou Sémiramis, mais dont il n’a pu encore déchiffrer le nom véritable. Il pense que Ninive a été construite sous ce monarque. M. Rawlinson me paraît ici prendre la quatrième dynastie de Lassen (Ind. Alterth., I, p. 752) et de Movers (loc. cit.) pour la première. Dans tous les cas, sa date est trop basse et ne concorde pas avec la chronologie biblique.

(2) Les inscriptions cunéiformes et la Genèse s’accordent à signaler l’établissement primitif d’un État sémite dans la basse Chaldée, ou dans le pays voisin, la Susiane. Longtemps, le lieu d’origine de leur race, c’est-à-dire la haute Chaldée, la région des montagnes, fut pour


  1. (1) Je donne ici la date indiquée par Movers (Das Phœnizische Alterthum, t. II, 1re, partie, p. 259). Lassen (Indische Alterthumskunde, t. I, p. 752) fait mention d’une dynastie existant à cette époque, mais ne se prononce pas sur son origine ethnique. Le colonel Rawlinson (Outlines of Assyrian history, p. XV) ne connaît pas d’empire sémitique avant le treizième siècle qui a précédé notre ère. C’est alors qu’il trouve dans les inscriptions la mention d’un roi nommé honorifiquement Derceto, ou Sémiramis, mais dont il n’a pu encore déchiffrer le nom véritable. Il pense que Ninive a été construite sous ce monarque. M. Rawlinson me paraît ici prendre la quatrième dynastie de Lassen (Ind. Alterth., I, p. 752) et de Movers (loc. cit.) pour la première. Dans tous les cas, sa date est trop basse et ne concorde pas avec la chronologie biblique.
  2. (2) Les inscriptions cunéiformes et la Genèse s’accordent à signaler l’établissement primitif d’un État sémite dans la basse Chaldée, ou dans le pays voisin, la Susiane. Longtemps, le lieu d’origine de leur race, c’est-à-dire la haute Chaldée, la région des montagnes, fut pour les souverains sémites de l’Assyrie un point dangereux d’où sortaient des compétiteurs qu’il fallait mater d’avance, et je crois facilement à l’assertion de M. Rawlinson, qui remarque qu’un des plus illustres conquérants de la dynastie que je persiste à considérer comme la quatrième, monarque dont le nom paraît devoir se lire Amak-bar-bethkira, dirigea l’effort de ses armes vers les sources du Tigre et de l’Euphrate, en Arménie et dans toute la contrée septentrionale avoisinante. (Outlines of Assyrian history, p. XXIII.)