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Méditerranée se présentait comme l’entrepôt naturel des denrées tirées des continents d’Afrique et d’Europe, et le pays de Chanaan, où se concentrait l’activité intellectuelle et mercantile des Chamites maritimes, devenait un point très intéressant pour les gouvernements et les peuples assyriens. Les Sémites babyloniens et ninivites l’avaient compris à merveille. Tous leurs efforts tendaient donc à dominer, soit directement, soit par voie d’influence, sur ces peuples habiles. Ceux-ci, de leur côté, s’étaient toujours efforcés de maintenir leur indépendance politique vis-à-vis des dynasties anciennes auxquelles la victoire avait substitué le nouveau rameau blanc. Pour modifier cet état de choses, les conquérants chaldéens engagèrent une suite de négociations et de guerres le plus souvent heureuses, qui ont rendu célèbre le génie de leur race, sous le nom caractéristique et dédoublé par l’histoire des reines Sémiramis (1)[1].

Toutefois, parce que les Sémites se trouvaient mêlés à des populations civilisées, leur action sur les villes chananéennes ne s’exerça pas uniquement par la force des armes et la politique. Doués d’une grande activité, ils agirent individuellement autant que par nations, et ils pénétrèrent en très grand nombre et pacifiquement dans les campagnes de la Palestine, aussi bien que dans les murs de Sidon et de Tyr, en qualité de soldats mercenaires, d’ouvriers, de marins. Ce mode paisible d’infiltration n’eut pas de moins grands résultats que la conquête, pour l’unité de la civilisation asiatique et l’avenir des États phéniciens (2)[2].

La Genèse nous a conservé une relation aussi curieuse qu’animée de la façon dont s’accomplissaient les déplacements paisibles de certaines tribus ou, pour mieux dire, de simples



(1) Les Assyriens ont occupé trois fois la Phénicie  : la première fois, 2,000 ans avant J.-C. ; la seconde, vers le milieu du treizième siècle ; la troisième, en 750. (Movers, Das Phœn. Alterth., t. II, 1re partie, p. 259.)

(2) C’est ainsi qu’il faut comprendre l’histoire mythique de Sémiramis, personnification d’une invasion chaldéenne. Avant d’être reine, elle avait commencé par être servante. (Movers, Das Phœnizische Alterthum, t. II, 1re partie, p. 261.)


  1. (1) Les Assyriens ont occupé trois fois la Phénicie  : la première fois, 2,000 ans avant J.-C. ; la seconde, vers le milieu du treizième siècle ; la troisième, en 750. (Movers, Das Phœn. Alterth., t. II, 1re partie, p. 259.)
  2. (2) C’est ainsi qu’il faut comprendre l’histoire mythique de Sémiramis, personnification d’une invasion chaldéenne. Avant d’être reine, elle avait commencé par être servante. (Movers, Das Phœnizische Alterthum, t. II, 1re partie, p. 261.)