Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/412

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je les vois beaucoup moins germaniques que grecques. Le plus tôt on renoncera à ces dénominations géographiques sera le mieux.

Le nom d’Arian possède cet avantage précieux d’avoir été choisi par les tribus mêmes auxquelles il s’applique, et de les suivre partout indépendamment des lieux qu’elles habitent ou ont pu habiter. Ce nom est le plus beau qu’une race puisse adopter : il signifie honorable (1)[1] ; ainsi, les nations arianes étaient des nations d’hommes honorables, d’hommes dignes d’estime et de respect, et probablement, par extension, d’hommes qui, lorsqu’on ne leur rendait pas ce qui leur était dû, savaient le prendre. Si cette interprétation n’est pas strictement dans le mot, on verra qu’elle se trouve dans les faits.

Les peuples blancs qui s’appliquèrent cette dénomination en comprenaient la portée hautaine et pompeuse. Ils s’y attachèrent avec force, et ne la laissèrent que tardivement disparaître sous les qualifications particulières que chacun d’eux se donna par la suite. Les Hindous appelèrent le pays sacré, l’Inde légale, Arya-varta, la terre des hommes honorables (2)[2]. Plus tard, quand ils furent divisés en castes, le nom d’Arya resta au gros de la nation, aux Vaycias, la dernière catégorie des vrais Hindous, deux fois nés, lecteurs des Védas.

Le nom primitif, réclamé par les Arians Iraniens, auxquels appartenaient les



(1) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 6 ; Burnouf, Commentaire sur le Yaçna, t. I, p. 461, note.

(2) Le Manava-Dharma-Sastra, traduction de Haughton, partage le territoire national, en dehors duquel un çoudra, pressé par la faim, a seul le droit d’habiter, en plusieurs catégories. Voici sa classification (t. II, chap. II, § 17) : « Between the two divine rivers Saraswati and Drishadwati, lies the tract of land, which the sages have named Brahmaverta, because it was frequented by Gods. » (C’est le territoire primitivement habité par les Arians purs de tout mélange noir ou jaune.) Viennent maintenant les §§ 21 et 22, qui s’expriment ainsi : « That country which lies between Himawat and Vindhya, to the east of Vinasana and to the west of Prayaga, is celebrated by the title of Medhyadesa, or the central region. » §22 : « As far as the eastern, and as far as the western Oceans between the two mountains just mentioned, lies the tract which the wise have named Aryaverta, or inhabited by respectable men. »


  1. (1) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 6 ; Burnouf, Commentaire sur le Yaçna, t. I, p. 461, note.
  2. (2) Le Manava-Dharma-Sastra, traduction de Haughton, partage le territoire national, en dehors duquel un çoudra, pressé par la faim, a seul le droit d’habiter, en plusieurs catégories. Voici sa classification (t. II, chap. II, § 17) : « Between the two divine rivers Saraswati and Drishadwati, lies the tract of land, which the sages have named Brahmaverta, because it was frequented by Gods. » (C’est le territoire primitivement habité par les Arians purs de tout mélange noir ou jaune.) Viennent maintenant les §§ 21 et 22, qui s’expriment ainsi : « That country which lies between Himawat and Vindhya, to the east of Vinasana and to the west of Prayaga, is celebrated by the title of Medhyadesa, or the central region. » §22 : « As far as the eastern, and as far as the western Oceans between the two mountains just mentioned, lies the tract which the wise have named Aryaverta, or inhabited by respectable men. »