Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/424

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ils n’auraient pas eu l’idée de remonter ensuite vers le nord-ouest. Marchant directement à l’ouest, ils auraient pris le rôle que remplirent plus tard les Iraniens. Ils n’auraient créé ni Sicyone, ni Argos, ni Athènes, ni Sparte, ni Corinthe. Ainsi je conclus qu’ils partirent à ce moment.

Je doute que cet événement soit résulté des causes qui avaient décidé l’émigration primitive des populations blanches. Le contre-coup en était déjà épuisé, car si les envahisseurs jaunes avaient poursuivi les fugitifs, on aurait vu tous les peuples blancs, arians, celtes et slaves, pour échapper à leurs atteintes, se précipiter également vers le sud et inonder cette partie du monde. Il n’en fut pas ainsi. À la même époque, à peu près, où les Arians descendaient vers la Sogdiane, les Celtes et les Slaves gravitaient dans le nord-ouest et trouvaient des routes, sinon libres, du moins assez faiblement défendues pour que le passage restât praticable. Il faut donc reconnaître que la pression qui déterminait les Hellènes à gagner vers l’ouest ne venait pas des régions supérieures : elle était causée par les congénères arians.

Ces nations, toutes également braves, étaient en froissement continuel. Les conséquences de cette situation violente amenaient la destruction des villages, le bouleversement des États et l’obligation pour les peuplades vaincues de subir le joug ou de s’enfuir. Les Hellènes, s’étant trouvés les plus faibles, prirent ce dernier parti, et, faisant leurs adieux à la contrée qu’ils ne pouvaient plus défendre contre des frères turbulents, ils montèrent sur leurs chariots, et, l’arc à la main, s’engagèrent dans les montagnes de l’ouest. Ces montagnes étaient occupées par les Sémites, qui en avaient chassé ou, du moins, asservi les Chamites, auxquels avait plus anciennement appartenu l’honneur d’en dompter les aborigènes noirs. Les Sémites, battus par les Hellènes, ne résistèrent pas à ces vaillants exilés et se renversèrent sur la Mésopotamie, et plus les Hellènes avançaient, poussés par les nations iraniennes, plus ils forçaient de populations sémitiques à se déplacer pour leur donner passage, et plus ils augmentaient l’inondation de l’ancien monde assyrien par cette race mêlée. Nous avons