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théoriciens du monde occidental y ont échoué : les purohitas crurent avoir trouvé le sûr moyen d’y réussir.

Partant de cette observation établie, pour eux, sur des preuves irréfragables, que toute supériorité était du côté des Arians, toute faiblesse, toute incapacité du côté des noirs, ils admirent, comme conséquence logique, que la proportion de valeur intrinsèque chez tous les hommes était en raison directe de la pureté du sang, et ils fondèrent leurs catégories sur ce principe.

Ces catégories, ils les appelèrent varna, qui signifiait couleur, et qui, depuis lors, a pris la signification de caste (1)[1].

Pour former la première caste, ils réunirent les familles des purohitas en qui éclatait quelque mérite, telles que celles des Gautama, des Bhrigou, des Atri (2)[2], célèbres par leurs chants liturgiques, transmis héréditairement comme une propriété précieuse. Ils supposèrent que le sang de ces familles recommandables était plus arian, plus pur que celui de toutes les autres.

À cette classe, à cette varna, à cette couleur blanche par excellence, ils attribuèrent non pas d’abord le droit de gouverner, résultat définitif qui ne pouvait être que l’œuvre du temps, mais du moins le principe de ce droit et tout ce qui pouvait y conduire, c’est-à-dire le monopole des fonctions sacerdotales, la consécration royale qu’ils possédaient déjà, la propriété des chants religieux, le pouvoir de les composer, de les interpréter et d’en communiquer la science ; enfin ils se déclarèrent, eux-mêmes, personnages sacrés, inviolables ; ils se refusèrent aux emplois militaires, s’entourèrent d’un loisir nécessaire, et se vouèrent à la méditation, à l’étude, à toutes les sciences de l’esprit, ce qui n’excluait ni l’aptitude ni la science politique (3)[3].



(1) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 514. En kawi, varna a gardé son sens primitif et n’a pas acquis le sens dérivé. — Voir W. v. Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 83.

(2) Lassen, ouvr. cité, p. 804.

(3) Lassen, Indisch. Alterthüm., t. I, p. 804 et pass. — Burnouf, Introduction à l’hist. du bouddhisme indien, t. I, p. 141. Le trait essentiel des brahmanes est de pouvoir lire les mantrâs. — Lassen, ouvr. cité, p. 806. L’aumône, jadis facultative, est aujourd’hui obligatoire

  1. (1) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 514. En kawi, varna a gardé son sens primitif et n’a pas acquis le sens dérivé. — Voir W. v. Humboldt, Ueber die Kawi-Sprache, t. I, p. 83.
  2. (2) Lassen, ouvr. cité, p. 804.
  3. (3) Lassen, Indisch. Alterthüm., t. I, p. 804 et pass. — Burnouf, Introduction à l’hist. du bouddhisme indien, t. I, p. 141. Le trait essentiel des brahmanes est de pouvoir lire les mantrâs. — Lassen, ouvr. cité, p. 806. L’aumône, jadis facultative, est aujourd’hui obligatoire à l’égard des brahmanes. Le bien qui est fait à un homme de caste ordinaire acquiert un mérite simple ; à un membre de la caste sacerdotale, un mérite double ; à un étudiant des Védas, le mérite se multiplie par cent mille, et si c’est d’un ascète qu’il s’agit, alors il devient incommensurable.