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Ainsi, après une lacune, à la vérité assez longue, au XIVe siècle avant J.-C., on trouve le brahmanisme parfaitement assis et organisé, les écrits liturgiques fixés et le calendrier védique établi ; il est donc impossible de descendre plus bas.

Nous avons trouvé l’ère de Kali trop exagérée : n’en parlons pas. Diminuons le nombre des années qu’elle réclame et rabattons-nous à l’ère kachemyrienne. On ne peut descendre davantage sans rendre toute chronologie égyptienne impossible. À mon sens même, c’est beaucoup trop concéder au doute. Mais, pour ce dont il est question ici, je m’en contente. Ne considérons même pas que le brahmanisme existait visiblement longtemps avant cette époque et concluons que, de l’an 2448 avant J.-C. à l’an du Seigneur 1852, il s’est écoulé 4300 ans, que l’organisation brahmanique vit toujours, qu’elle est aujourd’hui dans un état comparable à la situation des Égyptiens sous les Ptolémées du IIIe siècle avant notre ère, et à celle de la première civilisation assyrienne à différentes époques, entre autres au VIIe siècle. Ainsi, en se montrant généreux envers la civilisation égyptienne, en lui accordant, ce que je ne fais pas pour celle des brahmanes, toute la période antérieure à la migration et toute celle de ses débuts avant Ménès, elle aura duré depuis l’an 2448 jusqu’à l’an 300 avant J.-C., c’est-à-dire 2148 ans. Quant à la civilisation assyrienne, en reculant son point de départ aussi haut que l’on voudra, comme on ne peut le faire antérieur de beaucoup de siècles à l’ère kachemyrienne, il s’ensuit qu’il n’en faut pas même parler : elle s’arrête trop loin du but.

L’organisation égyptienne reste le seul terme de comparaison, et elle est en arrière, sur le type d’où elle a tiré sa vie, de 2152 ans. Je n’ai pas besoin de confesser tout ce qu’il y a d’arbitraire dans ce calcul : on s’en aperçoit de reste. Seulement, il ne faut pas oublier que cet arbitraire a pour effet de rabaisser d’une manière énorme le chiffre des années de l’existence brahmanique ; que j’y suppose bien bénévolement l’organisation des castes contemporaines de l’ère de Kachemyr ; qu’avec une facilité non moins exagérée j’admets, contre toute vraisemblance, un synchronisme parfait entre les premiers