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elles ont adopté les principales règles, certaines idées chinoises, prêtent, au besoin, quelque secours à la civilisation brahmanique. Tels sont les Mahrattes, tels encore, les Birmans.

En somme, la force de l’Inde contre les invasions étrangères, la force qui persiste tout en cédant reste cantonnée dans le nord-ouest, le nord et l’ouest, c’est-à-dire chez les peuples d’origine ariane plus ou moins pure : Syndhis, Rohillas, montagnards de l’Hindou-koh, Sykhes, Radjapoutes, Gorkhas du Népaul ; puis viennent les Mahrattes, enfin les Birmans que j’ai nommés plus haut. Dans ce camp de réserve, la suprématie appartient, incontestablement, aux descendances les plus arianisées du nord et du nord-ouest. Et quelle singulière persistance ethnique, quelle conscience vive et puissante toute famille alliée à la race ariane a de son mérite ! J’en trouverais une marque singulière dans l’existence curieuse d’une religion bien étrange répandue chez quelques peuplades misérables, habitantes des pics septentrionaux. Là, des tribus encore fidèles à l’ancienne histoire sont cernées de tous côtés par des jaunes qui, maîtres des vallées basses, les ont repoussées sur les hauteurs neigeuses et dans les gorges alpestres, et ces peuples, nos derniers et malheureux parents, adorent, avant tout, un ancien héros appelé Bhim-Sem. Ce dieu, fils de Pandou, est la personnification de la race blanche dans la dernière grande migration qu’elle ait opérée de ce côté du monde (1)[1].

Il reste le sud de l’Inde, la partie qui s’étend vers Calcutta, le long du Gange, les vastes provinces du centre et le Dekkhan. Dans ces régions, les tribus de sauvages noirs sont nombreuses, les forêts immenses, impénétrables, et l’usage des dialectes dérivés du sanscrit cesse presque complètement. Un amas de langues, plus ou moins ennoblies par des emprunts à l’idiome sacré, le tamoul, le malabare et cent autres se partagent les populations. Une bigarrure infinie de carnations étonne d’abord l’Européen, qui, dans l’aspect physique des hommes, ne découvre aucune trace d’unité, pas même chez les hautes castes. Ces contrées sont celles où le mélange avec

  1. (1) Ritter, Erdkunde, Asien, t. III p. 115.