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de ceux-là, si la séparation s’était opérée à une époque relativement basse et dans un temps où, la civilisation de l’Inde étant déjà fixée, il n’y avait plus moyen de ne pas apercevoir un fait aussi considérable que le départ et la colonisation séparatiste d’un nombre important de tribus appartenant à la seconde caste de l’État. Ainsi, rien n’infirme, tout appuie, au contraire, le témoignage des lois de Manou, et il en résulte que la Chine, à une époque postérieure aux premiers temps héroïques de l’Inde, a été civilisée par une nation immigrante de la race hindoue, kschattrya, ariane, blanche, et, par conséquent, que Pan-Kou, ce premier homme que, tout d’abord, on est surpris de voir défini en législateur par la légende chinoise, était ou l’un des chefs, ou le chef, ou la personnification d’un peuple blanc venant opérer en Chine, dans le Ho-nan, les mêmes merveilles qu’un rameau également hindou avait, antérieurement, préparées dans la vallée supérieure du Nil (1)[1].

Dès lors s’expliquent aisément les relations très anciennes de l’Inde avec la Chine, et l’on n’a plus besoin, pour les commenter, de recourir à l’hypothèse aventurée d’une navigation toujours difficile. La vallée du Brahmapoutra et celle qui, longeant le cours de l’Irawaddy, enferme les plaines et les nombreux passages du pays des Birmans, offraient aux vratyas du Ho-nan des chemins déjà bien connus, puisqu’il avait jadis fallu les suivre pour quitter l’Aryavarta.

Ainsi, en Chine, comme en Égypte, à l’autre extrémité du monde asiatique, comme dans toutes les régions que nous avons déjà parcourues jusqu’ici, voilà un rameau blanc chargé par la Providence d’inventer une civilisation. Il serait inutile de chercher



(1) M. Biot raconte, d’après les documents chinois, que le pays fut civilisé, entre le XXXe siècle et le XXVIIe avant notre ère, par une colonisation d’étrangers venant du nord-ouest et désignés généralement, dans les textes, sous le nom de peuple aux cheveux noirs. Cette nation conquérante est aussi appelée les cent familles. Ce qui résulte principalement de cette tradition, c’est que les Chinois avouent que leurs civilisateurs n’étaient pas autochtones. (Tcheou-li ou Rites des Tcheou, traduit pour la première fois, par feu Edouard Biot ; Paris, Imprimerie nationale, 1851, in-fol., Avertiss., p. 2, et Introduct., p. V.)

  1. (1) M. Biot raconte, d’après les documents chinois, que le pays fut civilisé, entre le XXXe siècle et le XXVIIe avant notre ère, par une colonisation d’étrangers venant du nord-ouest et désignés généralement, dans les textes, sous le nom de peuple aux cheveux noirs. Cette nation conquérante est aussi appelée les cent familles. Ce qui résulte principalement de cette tradition, c’est que les Chinois avouent que leurs civilisateurs n’étaient pas autochtones. (Tcheou-li ou Rites des Tcheou, traduit pour la première fois, par feu Edouard Biot ; Paris, Imprimerie nationale, 1851, in-fol., Avertiss., p. 2, et Introduct., p. V.)