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été souvent rejetés sur la Chine et forcés de s’unir à ses populations originelles (1)[1]. Ce n’eût été, dans l’est de l’Asie, que la répétition de ce qui s’était fait au sud-ouest par les Chamites, les enfants de Sem et les Arians hellènes et zoroastriens. En tout cas, il est hors de doute que ces populations blanches des frontières orientales se montraient, à une époque très ancienne, beaucoup plus compactes qu’elles ne le pouvaient être aux débuts de notre ère. Cela suffit pour démontrer la vraisemblance, la nécessité même de fréquentes invasions et partant de fréquents mélanges (2)[2].



(1) Le Chou-king, dont on fait remonter la composition à plus de 2000 ans avant J.-C., atteste que la population de la Chine admettait les mélanges. Ainsi, je lis dans la 1re partie, chap. II, § 20 : « Kao-Yao. Les étrangers excitent des troubles. » Et chap. III, § 6 : « Si vous êtes appliqués aux affaires, les étrangers viendront se soumettre à vous avec obéissance. »

(2) Les alliages anciens ne furent pas les seuls qui introduisirent le sang de l’espèce blanche dans les masses chinoises. Il y en eut, à des époques très rapprochées de nous, qui ont sensiblement modifié certaines populations du Céleste Empire. En 1286, Koubilaï régnait et introduisait un grand nombre d’immigrants hindous et malais dans le Fo-kien. Aussi la population de cette province, comme celle du Kouang-toung, diffère-t-elle assez notablement de celle des autres contrées de la Chine. Elle est plus novatrice, plus portée vers les idées étrangères. Elle fournit le plus de monde à cette énorme émigration, qui n’est pas moindre de 3 millions d’hommes, et qui couvre aujourd’hui la Cochinchine, le Tonkin, les îles de la Sonde, Manille, Java, s’étendant chez les Birmans, à Siam, à l’île du Prince de Galles, en Australie, en Amérique. (Ritter, t. III, p. 783 et passim.) — Il vint aussi en Chine, antérieurement, sous la dynastie des Thangs, qui commença en 618 et finit en 907, de nombreux musulmans qui se sont mêlés à la population jaune et que l’on nomme aujourd’hui Hoeï-hoeï. Leur physionomie est devenue tout à fait chinoise, mais leur esprit, non. Ils sont plus énergiques que les masses qui les entourent, dont ils se font craindre et respecter (Huc, Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine, t. II, p. 75.) — Enfin, d’autres Sémites, des Juifs, ont aussi pénétré en Chine à une époque inconnue de la dynastie Tcheou (de 1122 av. notre ère à 255 après J.-C.) Ils ont exercé jadis une très grande influence et ont revêtu les premières charges de l’État. Aujourd’hui ils sont fort déchus, et beaucoup d’entre eux se sont faits musulmans. (Gaubil, Chronologie chinoise, p. 264 et passim.) — Ces mélanges de sang ont eu pour conséquence des

  1. (1) Le Chou-king, dont on fait remonter la composition à plus de 2000 ans avant J.-C., atteste que la population de la Chine admettait les mélanges. Ainsi, je lis dans la 1re partie, chap. II, § 20 : « Kao-Yao. Les étrangers excitent des troubles. » Et chap. III, § 6 : « Si vous êtes appliqués aux affaires, les étrangers viendront se soumettre à vous avec obéissance. »
  2. (2) Les alliages anciens ne furent pas les seuls qui introduisirent le sang de l’espèce blanche dans les masses chinoises. Il y en eut, à des époques très rapprochées de nous, qui ont sensiblement modifié certaines populations du Céleste Empire. En 1286, Koubilaï régnait et introduisait un grand nombre d’immigrants hindous et malais dans le Fo-kien. Aussi la population de cette province, comme celle du Kouang-toung, diffère-t-elle assez notablement de celle des autres contrées de la Chine. Elle est plus novatrice, plus portée vers les idées étrangères. Elle fournit le plus de monde à cette énorme émigration, qui n’est pas moindre de 3 millions d’hommes, et qui couvre aujourd’hui la Cochinchine, le Tonkin, les îles de la Sonde, Manille, Java, s’étendant chez les Birmans, à Siam, à l’île du Prince de Galles, en Australie, en Amérique. (Ritter, t. III, p. 783 et passim.) — Il vint aussi en Chine, antérieurement, sous la dynastie des Thangs, qui commença en 618 et finit en 907, de nombreux musulmans qui se sont mêlés à la population jaune et que l’on nomme aujourd’hui Hoeï-hoeï. Leur physionomie est devenue tout à fait chinoise, mais leur esprit, non. Ils sont plus énergiques que les masses qui les entourent, dont ils se font craindre et respecter (Huc, Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine, t. II, p. 75.) — Enfin, d’autres Sémites, des Juifs, ont aussi pénétré en Chine à une époque inconnue de la dynastie Tcheou (de 1122 av. notre ère à 255 après J.-C.) Ils ont exercé jadis une très grande influence et ont revêtu les premières charges de l’État. Aujourd’hui ils sont fort déchus, et beaucoup d’entre eux se sont faits musulmans. (Gaubil, Chronologie chinoise, p. 264 et passim.) — Ces mélanges de sang ont eu pour conséquence des modifications importantes dans le langage. Les dialectes du sud diffèrent beaucoup du haut chinois, et l’homme du Fo-kien, du Kuang-toung ou du Yun-nan a autant de peine à comprendre le pékinois qu’un habitant de Berlin le suédois ou le hollandais. (K. F. Neumann, die Sinologen und Ihre Werke, Zeitschrift der deutschen morgenlændischen Gesellschaft, t. I, p. 104.)