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jusqu’au règne de Tsin-chi-hoang-ti, l’an 246 avant J.-C., autrement dit, aussi longtemps que la race blanche conserva assez de virtualité pour garder ses aptitudes principales (1)[1]. Mais, aussitôt que sa fusion avec les familles malaise et jaune fut assez prononcée pour qu’il ne restât pas de groupes même à demi blancs, et que la masse de la nation chinoise se trouva élevée de tout ce dont ces groupes jusque-là dominateurs avaient été diminués pour être rabaissés et confondus avec elle, le système féodal, la domination hiérarchisée, le grand nombre des petites royautés et des indépendances de personnes, n’eurent plus nulle raison d’exister, et le niveau impérial passa sur toutes les têtes, sans distinction.

Ce fut de ce moment que la Chine se constitua dans sa forme actuelle (2)[2]. Cependant la révolution de Tsin-chi-hoang-ti




hommes qui en étaient investis avaient sur leurs subordonnés une autorité plus grande que celle des pères sur leurs fils, des chefs de famille sur leurs propriétés... Chaque chef gouvernait son fief comme sa propriété héréditaire. » (Ma-touan-lin, cité par M. E. Biot, voir le Tcheou-li, t. I, Introduct., p. XXVII.)

(1) Les Chinois, qui forment aujourd’hui une grande démocratie impériale, ne jouissaient pas du principe de l’égalité au XXIIe siècle avant notre ère, dans l’époque féodale. Le peuple était en servage complet, il n’était pas apte à posséder des biens immeubles. Les Tcheou l’admirent au partage des bas emplois jusqu’au grade de préfet. Plus anciennement, il n’avait pas le droit d’acquérir l’instruction. (Tcheou-li, t. I, Introduct., p. LV, et pass.) — Ainsi les Chinois, comme tous les autres peuples, n’ont eu l’égalité politique qu’à la suite de la disparition des grandes races.

(2) Et c’est seulement de ce moment-là que date la philosophie politique nationale. Confucius, et plus tard Meng-tseu, furent également centralisateurs et impérialistes. Le système féodal ne leur est pas moins odieux qu’aux écoles politiques de l’Europe actuelle. (Gaubil, Chronologie chinoise, p. 90.) — Les moyens qu’employa Tsin-chi-hoang-ti pour abattre les familles seigneuriales furent des plus énergiques. On commença par brûler les livres : c’étaient les archives du droit souverain des nobles et les annales de leur gloire. On abolit les alphabets particuliers des provinces. On désarma toute la nation. On abrogea les noms des anciennes circonscriptions territoriales, et l’on partagea le pays en trente-six départements administrés par des mandarins que l’on eut soin de changer fréquemment de postes. On força cent vingt mille familles à venir résider dans la capitale, avec

  1. (1) Les Chinois, qui forment aujourd’hui une grande démocratie impériale, ne jouissaient pas du principe de l’égalité au XXIIe siècle avant notre ère, dans l’époque féodale. Le peuple était en servage complet, il n’était pas apte à posséder des biens immeubles. Les Tcheou l’admirent au partage des bas emplois jusqu’au grade de préfet. Plus anciennement, il n’avait pas le droit d’acquérir l’instruction. (Tcheou-li, t. I, Introduct., p. LV, et pass.) — Ainsi les Chinois, comme tous les autres peuples, n’ont eu l’égalité politique qu’à la suite de la disparition des grandes races.
  2. (2) Et c’est seulement de ce moment-là que date la philosophie politique nationale. Confucius, et plus tard Meng-tseu, furent également centralisateurs et impérialistes. Le système féodal ne leur est pas moins odieux qu’aux écoles politiques de l’Europe actuelle. (Gaubil, Chronologie chinoise, p. 90.) — Les moyens qu’employa Tsin-chi-hoang-ti pour abattre les familles seigneuriales furent des plus énergiques. On commença par brûler les livres : c’étaient les archives du droit souverain des nobles et les annales de leur gloire. On abolit les alphabets particuliers des provinces. On désarma toute la nation. On abrogea les noms des anciennes circonscriptions territoriales, et l’on partagea le pays en trente-six départements administrés par des mandarins que l’on eut soin de changer fréquemment de postes. On força cent vingt mille familles à venir résider dans la capitale, avec défense de s’en éloigner sans permission, etc., etc. (Gaubil, Chronologie chinoise, p. 61.)