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ne faisait qu’abolir la dernière trace apparente de la race blanche, et l’unité du pays n’ajoutait rien à ses formes gouvernementales, qui restaient patriarcales comme ci-devant. Il n’y avait de plus que cette nouveauté, grande d’ailleurs en elle-même, que la dernière trace de l’indépendance, de la dignité personnelle, comprises à la manière ariane, avait disparu à jamais devant les envahissements définitifs de l’espèce jaune (1)[1].

Autre point encore. Nous avons d’abord vu la race malaise recevant dans le Yun-nan les premières leçons des Arians en s’alliant avec eux ; puis, par les conquêtes et les adjonctions de toute nature, la famille jaune s’augmenta rapidement et finit par ne pas moins neutraliser, dans le plus grand nombre des provinces de l’empire, les métis mélaniens, qu’elle ne transformait, en la divisant, la vertu de l’espèce blanche. Il en résulta pendant quelque temps un défaut d’équilibre manifesté par l’apparition de quelques coutumes tout à fait barbares.

Ainsi, dans le nord, des princes défunts furent souvent enterrés avec leurs femmes et leurs soldats, usages certainement empruntés à l’espèce finnoise (2)[2]. On admit aussi que c’était une grâce impériale que d’envoyer un sabre à un mandarin disgracié pour qu’il pût se mettre à mort lui-même (3)[3]. Ces traces de dureté sauvage ne tinrent pas. Elles disparurent devant




défense de s’en éloigner sans permission, etc., etc. (Gaubil, Chronologie chinoise, p. 61.)

(1) Il se passa alors un fait absolument semblable à celui qui eut lieu, chez nous, en 1789, lorsque l’esprit novateur considéra comme de première nécessité la destruction des anciennes subdivisions territoriales. En Chine, on abolit les circonscriptions qui pouvaient rappeler des idées de nationalités ou de souverainetés. On créa des provinces et des arrondissements purement administratifs. Je remarque toutefois une différence assez sérieuse. Les départements chinois furent très étendus et les nôtres très petits. Matouan-lin prétend que la méthode de son pays n’a pas été sans inconvénient, en rendant plus difficiles la surveillance et la bonne gestion des magistrats impériaux. D’autre part, notre système a soulevé bien des critiques. (Le Tcheou-li, t. I, Introduct., XXVIII.)

(2) Gaubil, Chronologie chinoise, p. 46 et pass.

(3) Ibid., p. 51.


  1. (1) Il se passa alors un fait absolument semblable à celui qui eut lieu, chez nous, en 1789, lorsque l’esprit novateur considéra comme de première nécessité la destruction des anciennes subdivisions territoriales. En Chine, on abolit les circonscriptions qui pouvaient rappeler des idées de nationalités ou de souverainetés. On créa des provinces et des arrondissements purement administratifs. Je remarque toutefois une différence assez sérieuse. Les départements chinois furent très étendus et les nôtres très petits. Matouan-lin prétend que la méthode de son pays n’a pas été sans inconvénient, en rendant plus difficiles la surveillance et la bonne gestion des magistrats impériaux. D’autre part, notre système a soulevé bien des critiques. (Le Tcheou-li, t. I, Introduct., XXVIII.)
  2. (2) Gaubil, Chronologie chinoise, p. 46 et pass.
  3. (3) Ibid., p. 51.