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La prospérité de cette nation courageuse s’éleva rapidement. L’an 107 avant J.-C., c’est-à-dire 170 ans après la migration, l’établissement de ce peuple offrait assez de solidité pour que la politique chinoise crût devoir s’en faire un appui contre les Huns. Une alliance étroite fut formée entre l’empereur et le kouen-mi des Ou-soun, et une princesse vint, du royaume du Milieu, partager la puissance du souverain blanc et porter le titre de kouen-ti (queen) (1)[1].

Mais l’esprit d’indépendance personnelle et de fractionnement, propre à la race ariane, décida trop tôt du sort d’une monarchie qui, exposée à d’incessantes attaques, aurait eu besoin d’être fortement unie pour y faire tête. Sous le petit-fils de la reine chinoise, la nation se partagea en deux branches, régies par des chefs différents, et, à la suite de cette scission malencontreuse, la partie du nord se vit bientôt accablée par des barbares jaunes, appelés les Sian-pi, qui, accourant en grand nombre, chassèrent les habitants. D’abord les fugitifs se retirèrent vers l’ouest et le nord. Après être restés dans leur asile pendant quatre cents ans, ils furent de nouveau expulsés et dispersés. Une fraction chercha un refuge au delà du Jaxartes, sur les terres de la Transoxiane ; le reste gagna vers l’Irtisch et se retira dans la steppe des Kirghizes, où, en 619 de notre ère, étant tombé sous la sujétion des Turcs, il s’allia à ses vainqueurs et disparut (2)[2].

Pour l’autre branche des Ou-soun, elle fut absorbée par les envahisseurs, et se mêla à eux comme l’eau d’un lac à celle du grand fleuve qui la traverse.

À côté des Ou-soun et des Yue-tchi, quand ils habitaient sur le Hoang-ho, vivaient d’autres peuples blancs. Les Ting-ling occupaient le pays à l’occident du lac Baïkal ; les Khou-te tenaient les plaines à l’ouest des Ou-soun ; les Chou-le s’étendaient vers la contrée plus méridionale où est aujourd’hui Kaschgar ; les Kian-kouan ou Ha-kas montaient vers le Jénisseï où, plus tard, ils se sont fondus avec les Kirghizes. Enfin, les Yan-thsaï,



(1) Ritter, Erdkunde, Asien, t. I, p. 433-434.

(2) Ritter, loc. cit.


  1. (1) Ritter, Erdkunde, Asien, t. I, p. 433-434.
  2. (2) Ritter, loc. cit.