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Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/573

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appartenant aux points les plus lointains du globe. Au moyen âge, où la société civile semble, à beaucoup de personnes, inférieure à ce qu’elle fut sous les Césars et les Augustes, on redoubla cependant de zèle et on obtint de plus grands succès pour la concentration des connaissances. On pénétra bien plus avant dans les sanctuaires de la sagesse orientale, on y recueillit bien plus de notions justes ; et, en même temps, d’intrépides voyageurs accomplissaient, poussés par le génie aventureux de leur race, des voyages lointains auprès desquels les périples de Scylax et d’Annon, ceux de Pythéas et de Néarque méritent médiocrement d’être cités. Et, cependant, un roi de France, et même un pape du douzième siècle, promoteurs et soutiens de ces généreuses entreprises, étaient-ils comparables aux colosses d’autorité qui gouvernèrent le monde romain ? C’est qu’au moyen âge, l’élément blanc était plus noble, plus pur, plus actif par conséquent que les palais de la Rome antique ne l’avaient connu.

Mais nous sommes au septième siècle avant l’ère chrétienne, à cette époque importante où, dans la vaste arène du monde occidental, l’histoire positive commence pour ne plus cesser, où les longues existences d’État ne vont plus être possibles, où les chocs des peuples et des civilisations se succéderont à de très courts intervalles, où la stérilité et la fécondité sociales devront se déplacer et se remplacer dans les mêmes pays, au gré de l’épaisseur plus ou moins considérable des éléments blancs qui recouvriront les fonds noirs ou jaunes. C’est ici le lieu de revenir sur ce que j’ai dit dans le premier livre, de l’importance accordée par quelques savants à la situation géographique.

Je ne renouvellerai pas mes arguments contre cette doctrine. Je ne répéterai pas que, si les emplacements d’Alexandrie, de Constantinople, étaient totalement indiqués pour devenir de grands centres de population, ils seraient demeurés et resteraient tels dans tous les temps, allégation démentie par les faits. Je ne rappellerai pas non plus que, à en juger ainsi, ni Paris, ni Londres, ni Vienne, ni Berlin, ni Madrid, n’auraient aucun titre à être les célèbres capitales que ces villes sont