Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/583

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leurs viç-patis (1)[1]. Ils étaient belliqueux et remuants, toutefois, avec le sens de l’ordre, et ils le prouvèrent en faisant aboutir l’exercice de leur droit de suffrage à la fondation d’une monarchie régulière, basée sur le principe d’hérédité (2)[2]. Rien là que nous ne puissions également retrouver dans les Hindous antiques, chez les Égyptiens arians, chez les Macédoniens, les Thessaliens, les Épirotes, comme dans les nations germaniques. Partout, le choix du peuple crée la forme de gouvernement, presque partout préfère la monarchie et la maintient dans une famille particulière. Pour tous ces peuples, la question de descendance et la puissance du fait établi sont deux principes, ou, pour mieux dire, deux instincts qui dominent les institutions sociales et les vivifient. Ces Mèdes, pasteurs et guerriers, restèrent des hommes libres, dans toute la force du terme, même pendant cette période où leur petit nombre les obligea de subir la suzeraineté des Chaldéens, et, si leur esprit exagéré d’indépendance, en les poussant au fractionnement et à l’antagonisme des forces, contribua certainement à prolonger leur temps de subordination, on ne peut admirer assez que cet état n’ait pas dégradé leur naturel, et qu’après de longs tâtonnements, la nation, ayant rallié toutes ses ressources dans sa forme monarchique, soit devenue capable, après seize cents ans, de reprendre la conquête du trône d’Assyrie et de l’exécuter.

Depuis qu’elle avait été chassée de Ninive, elle n’avait pas déchu. Elle avait persisté dans son culte, honneur bien rare, dû évidemment à son homogénéité persistante. Elle avait conservé son goût d’indépendance sous des chefs d’ailleurs par trop peu maîtres de leurs gouvernés : la nation médique était



(1) Le mot employé par le Schahnameh pour désigner la dignité royale rappelle vivement les doctrines indépendantes des Arians primitifs. Féridoun porte le titre de schahr-jar, (persan), (l’ami de la cité). — Sur les sources antéislamitiques où Firdousi a puisé les traditions qu’il enchaîne, voir A. F. de Schack, Einl., p. 52 et passim.

(2) Tous les faits qui composent l’histoire de la formation du royaume médique sont racontés par Hérodote, avec sa puissance de coloris ordinaire, Clio, XCVIII et passim.


  1. (1) Le mot employé par le Schahnameh pour désigner la dignité royale rappelle vivement les doctrines indépendantes des Arians primitifs. Féridoun porte le titre de schahr-jar, (persan), (l’ami de la cité). — Sur les sources antéislamitiques où Firdousi a puisé les traditions qu’il enchaîne, voir A. F. de Schack, Einl., p. 52 et passim.
  2. (2) Tous les faits qui composent l’histoire de la formation du royaume médique sont racontés par Hérodote, avec sa puissance de coloris ordinaire, Clio, XCVIII et passim.