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donc restée ariane. Quand une fois elle fut arrachée à son anarchie belliqueuse, le besoin de donner une application à sa vigueur, laissée sans emploi par l’heureux étouffement des discordes civiles, tourna ses vues vers les conquêtes extérieures. Commençant par soumettre les nations parentes établies dans son voisinage, entre autres, les Perses (1)[1], elle se fortifia de leur adjonction. Puis, quand elle eut amené sous ses drapeaux et fondu en un seul corps de peuples dont elle était la tête tous les disciples méridionaux de sa religion, elle attaqua l’empire ninivite.

Beaucoup d’écrivains n’ont vu, dans ces guerres de l’Asie antérieure, dans ces rapides conquêtes, dans ces États si promptement construits, si subitement renversés, que des coups de main sans liaison, une série d’événements dénués de causes profondes, et dès lors de portée. N’acceptons pas un tel jugement.

Les dernières émigrations sémitiques avaient cessé de descendre les montagnes de l’Arménie et de venir régénérer les populations assyriennes. Les contrées riveraines de la Caspienne et voisines du Caucase n’avaient plus d’hommes à envoyer au dehors. Dès longtemps, les colonnes voyageuses des Hellènes avaient achevé leur passage, et les Sémites, demeurés dans ces contrées, n’en étaient plus expulsés par personne. L’Assyrie ne renouvelait donc plus son sang depuis des siècles, et l’abondance des principes noirs, toujours en travail d’assimilation, avait effectué la décadence des races superposées (2)[2].



(1) Le Mahabharata connaît les Perses, il les appelle Parasikas. Mais à cette époque lointaine des guerres des Pandavas et des fils de Kourou cette petite nation n’avait encore aucun renommée. C’est ce qui fait que, dans le poème hindou, elle a les simples honneurs d’une mention. (Lassen, Zeitschrift f. d. K. des Morgenl., t. II, p. 53.)

(2) Movers, das Phœniz. Alterthum., t. I, 2e partie, p. 415. — Cette décadence était si profonde, et causée si évidemment par l’anarchie ethnique, que les Égyptiens, non moins dégénérés, mais plus compacts parce qu’il y avait en jeu, dans leur sang, moins d’éléments constitutifs, prirent un moment le dessus vis-à-vis de leurs anciens et redoutés adversaires. Au VIIe siècle, leur influence l’emportait en Phénicie. Les Mèdes eurent bientôt raison de cette énergie relative.

  1. (1) Le Mahabharata connaît les Perses, il les appelle Parasikas. Mais à cette époque lointaine des guerres des Pandavas et des fils de Kourou cette petite nation n’avait encore aucun renommée. C’est ce qui fait que, dans le poème hindou, elle a les simples honneurs d’une mention. (Lassen, Zeitschrift f. d. K. des Morgenl., t. II, p. 53.)
  2. (2) Movers, das Phœniz. Alterthum., t. I, 2e partie, p. 415. — Cette décadence était si profonde, et causée si évidemment par l’anarchie ethnique, que les Égyptiens, non moins dégénérés, mais plus compacts parce qu’il y avait en jeu, dans leur sang, moins d’éléments constitutifs, prirent un moment le dessus vis-à-vis de leurs anciens et redoutés adversaires. Au VIIe siècle, leur influence l’emportait en Phénicie. Les Mèdes eurent bientôt raison de cette énergie relative.