Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/597

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des nations sémitiques remplissaient les granges et approvisionnaient les prochains réformateurs eux-mêmes. Il y a plus : les idées de l’Assyrie et de l’Égypte s’étaient répandues partout où le sang de leurs inventeurs avait pénétré, en Éthiopie, en Arabie, sur le pourtour de la Méditerranée, comme dans l’ouest de l’Asie, comme dans la Grèce méridionale, avec une opulence, une exubérance désespérante pour les civilisations encore à naître, et toutes les créations des sociétés postérieures allaient être à jamais contraintes de transiger avec ces notions et les opinions qui en ressortaient. Ainsi, malgré leur dédain pour les nations sémitiques et pour la paix efféminée des bords du Nil, les Arians Iraniens et les Arians Grecs devaient bientôt entrer dans le grand courant intellectuel de ces populations flétries par leur désordre ethnique et par l’exagération de leurs principes mélaniens. La part d’influence laissée à ces Iraniens si orgueilleux, à ces Grecs si actifs, se réduirait ainsi, en fin de compte, à jeter dans le lac immense et stagnant des multitudes asiatiques quelques éléments temporaires de mouvement, d’agitation et de vie.

Les Arians Iraniens, et après eux, les Arians Grecs, offrirent au monde d’Assyrie et d’Égypte ce que les Arians Germains donnèrent plus tard à la société romaine.

Quand l’Asie occidentale fut tout entière ralliée sous la main des Perses, il n’y eut plus de raison pour que la scission primitive entre sa civilisation et celle de l’Égypte subsistât. Le peu d’efforts tenté dans la vallée du Nil afin de reconquérir l’indépendance nationale ne compta plus que comme les convulsions d’une résistance expirante. Les deux sociétés primitives de l’Occident tendaient à se confondre, parce que les races qu’elles enfermaient ne se distinguaient plus assez nettement. Si les Perses avaient été très nombreux, si, à la manière des plus antiques envahisseurs, leurs tribus avaient pu lutter contre le chiffre des multitudes sémitiques, il n’en aurait pas été ainsi. Une organisation toute nouvelle se formant sur les débris méconnus des anciennes, on aurait vu quelques-uns de ces débris s’isoler, dans des extrémités de l’empire, avec des restes de la race, et se constituer à part, de manière à maintenir