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qu’il a fallu fertiliser, l’Égypte de même (1)[1]. Voilà deux centres bien célèbres de la culture et du perfectionnement humains. La Chine, à côté de la fécondité de certaines de ses parties, a présenté, dans d’autres, des difficultés très laborieuses à vaincre. Les premiers événements y sont des combats contre les fleuves ; les premiers bienfaits des antiques empereurs consistent en ouvertures de canaux, en dessèchements de marais. Dans la contrée mésopotamique de l’Euphrate et du Tigre, théâtre de la splendeur des premiers États assyriens, territoire sanctifié par la majesté des plus sacrés souvenirs, dans ces régions où le froment, dit-on, croît spontanément (2)[2], le sol est cependant si peu productif par lui-même, que de vastes et courageux travaux d’irrigation ont pu seuls le rendre propre à nourrit les hommes. Maintenant que les canaux sont détruits, comblés ou encombrés, la stérilité a repris ses droits. Je suis donc très porté à croire que la nature n’avait pas autant favorisé ces régions qu’on le pense d’ordinaire. Toutefois je ne discuterai pas sur ce point. J’admets que la Chine, l’Égypte, l’Inde et l’Assyrie aient été des lieux complètement appropriés à l’établissement de grands empires et au développement de puissantes civilisations ; j’accorde que ces lieux aient réuni les meilleures conditions de prospérité. On l’avouera aussi ces conditions étaient de telle nature, que, pour en profiter, il était indispensable d’avoir atteint préalablement, par d’autres voies, un haut degré de perfectionnement social. Ainsi, pour que le commerce pût s’emparer des grands cours d’eau, il fallait que l’industrie, ou pour le moins l’agriculture, existassent déjà, et l’attrait sur les peuples voisins n’aurait pas eu lieu avant que des villes et des marchés ne fussent bâtis et enrichis de longue main. Les grands avantages départis à la Chine, à l’Inde et à l’Assyrie supposent donc, chez les peuples qui en

  1. (1) L'Inde antique a nécessité, de la part des premiers colons de race blanche, de très grands travaux de défrichement. Voir Lassen, Indische Alterthumskunde, t. I. Pour l'Egypte, voir ce que dit M. de Bunsen, Aegyptens Stelle in der Weltgeschichte, de la fertilisation du Fayoum, oeuvre gigantesque des premiers souverains.
  2. (2) Suncellus. Pherein de auton purous agrious ai krithas, ai ôxron, kai synsamon, kai tas en tois elesi phuomenas ridzas esthiesthai.