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utilitaire et essentiellement tournée vers les choses matérielles.

L’assimilation complète des deux formes, faunus et πάν, n’offre pas de difficultés. On doit la pousser plus loin. Elle est applicable également, quoique d’une manière d’abord moins évidente, aux mots khorrigan et khoridwen. C’est ainsi que les paysans armoricains désignent les nains magiques de leurs pays. Les Gallois disent Gwrachan (1)[1]. Ces expressions sont l’une et l’autre composées de deux parties. Khorr et Gwr ne valent autre chose que gon et gwn, ou gan (2)[2], chez les Latins genius, en français génie, employé dans le même sens. Je m’explique.

La lettre r, dans les langues primitives de la famille blanche, a été d’une extrême débilité. L’alphabet sanscrit la possède trois fois, et, pas une seule ne lui accorde la force et la place d’une consonne. Dans deux cas, c’est une voyelle ; dans un, c’est une demi-voyelle comme l’ l et le w qui, pour nos idiomes modernes, a conservé par sa facilité à se confondre, même graphiquement, avec l’u ou l’ou, une égale mobilité.

Cette r primordiale, si incertaine d’accentuation, paraît avoir eu les plus grands rapports avec l’ aïn, l’ a emphatique des idiomes sémitiques, et c’est ainsi seulement qu’on peut s’expliquer le goût marqué de l’ancien scandinave pour cette lettre. On la retrouve dans une grande quantité de mots où le sanscrit mettait un a , comme, par exemple, dans gardhr, synonyme de garta, enceinte, maison, ville.

Cette faiblesse organique la rend plus susceptible qu’aucune autre des nombreuses permutations dont les principales ont lieu, comme on doit s’y attendre, avec des sons d’une faiblesse à peu près égale, avec l’ l, avec le v, avec l’s ou l’n, consonne à la vérité, mais reproduite trois fois en sanscrit, et, par



(1) On nomme aussi quelquefois les khorrigans, duz, les dieux, c’est un dérivé de l’arian déwa. — La Villemarqué, ouvr. cité, Introduct., t. I, p. XLVI. — Voir l’article Dwergar, dans l’Encycl. Ersch u. Gruber, sect. I, 28 th., p. 190 et pass. — Dieffenbach, Celtica II, Abth. 2, p. 211.

(2) Gan est encore un nom très communément appliqué, par les paysans bretons, aux khorrigans. Dans l’Inde, on connaît aussi les gâni pour être des démons malfaisants d’une espèce inférieure. — Gorresio, Ramayana, t. VI, p. 125.

  1. (1) On nomme aussi quelquefois les khorrigans, duz, les dieux, c’est un dérivé de l’arian déwa. — La Villemarqué, ouvr. cité, Introduct., t. I, p. XLVI. — Voir l’article Dwergar, dans l’Encycl. Ersch u. Gruber, sect. I, 28 th., p. 190 et pass. — Dieffenbach, Celtica II, Abth. 2, p. 211.
  2. (2) Gan est encore un nom très communément appliqué, par les paysans bretons, aux khorrigans. Dans l’Inde, on connaît aussi les gâni pour être des démons malfaisants d’une espèce inférieure. — Gorresio, Ramayana, t. VI, p. 125.