Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’avenir et sachant le dévoiler (1)[1]. Qui ne voit ici le portrait moral et physique de l’espèce jaune, comme les premiers émigrants blancs se le sont représenté ? Un penchant invincible à toutes les superstitions, un abandon absolu aux pratiques magiques des sorciers, des jeteurs de sorts, des chamans, c’est encore là le trait dominant de la race finnique dans tous les pays où on peut l’observer. Les Celtes métis et les Slaves, en accueillant dans leur théologie, aux époques de décadence, les aberrations religieuses de leurs vaincus, appelèrent très naturellement du nom même de ces derniers leurs magiciens, héritiers ou imitateurs d’un sacerdoce barbare. On aperçoit dans la lasciveté des ondines ce vice si constamment reproché aux femmes de la race jaune, et qui est tel qu’il a, dit-on, fait naître l’usage de la mutilation des pieds, pratiquée comme précaution paternelle et maritale sur les filles chinoises, et que là où il ne rencontre pas les obstacles d’une société réglée, il donne lieu, comme au Kamtschatka, à des orgies trop semblables aux courses des Ménades de la Thrace, pour qu’on ne soit pas disposé à reconnaître dans les fougueuses meurtrières d’Orphée, des parentes de la courtisane actuelle de Sou-Tcheou-Fou et de Nanking (2)[2]. On ne remarque pas moins chez les faunes le goût absorbant du vin et de la pâture, cette sensualité ignoble de la famille mongole, et, enfin, on y relève cette aptitude aux occupations rurales et ménagères (3)[3] que les légendes modernes attribuent à leurs pareils, et que, du temps des Celtes primitifs, on pouvait obtenir avec facilité d’une race



(1) Pan était sorcier dans toute la force du terme :

Munere sic niveo lanæ, si credere dignum est,
Pan, deus Arcadiæ, captam te, Luna, fefellit,
In nemora alta vocans ; nec tu adspernata vocantem.

Virg., Géorg., III, 391-393.

(2) Callery et Ivan, l’Insurrection en Chine, in-12, Paris, 1853, 224.

(3)

Et vos, agrestum præsentia numina, Fauni,
Ferte simul, Faunique, pedem, Dryadesque puellæ
Munera vestra cano.

Virg., Géorg., (I, 10-12).

Pan, ovium custos.

Ibid., I, 17
  1. 1) Pan était sorcier dans toute la force du terme :

    Munere sic niveo lanæ, si credere dignum est,
    Pan, deus Arcadiæ, captam te, Luna, fefellit,
    In nemora alta vocans ; nec tu adspernata vocantem.

    Virg., Géorg., III, 391-393.
  2. (2) Callery et Ivan, l’Insurrection en Chine, in-12, Paris, 1853, 224.
  3. (3)

    Et vos, agrestum præsentia numina, Fauni,
    Ferte simul, Faunique, pedem, Dryadesque puellæ
    Munera vestra cano.

    Virg., Géorg., (I, 10-12).

    Pan, ovium custos.

    Ibid., I, 17