Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/130

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manifestations de la pensée céleste fut la principale occupation des sacerdoces. L’aruspicine et la science des phénomènes naturels, tels que les orages, la foudre, les météores (1)[1], absorbèrent les méditations des pontifes, et leur créèrent une superstition beaucoup plus étroite et plus sombre, plus méticuleuse, plus subtile, plus puérile que cette astrologie des Sémites, qui, au moins, avait pour elle de s’exercer dans un champ immense et de s’adonner à des mystères vraiment splendides. Tandis que le prêtre chaldéen, monté sur une des tours dont le relief de Babylone ou de Ninive était hérissé, suivait d’un œil curieux la marche régulière des astres semés à profusion dans les cieux sans limites, et apprenait peu à peu à calculer la courbe de leurs orbites, le devin étrusque, gros, gras, court, à large face, errant, triste et effaré, dans les forêts et les marécages salins qui bordent la mer Tyrrhénienne, interprétait le bruit des échos, pâlissait aux roulements de la foudre, frissonnait quand le bruissement des feuilles annonçait à sa gauche le passage d’un oiseau, et cherchait à donner un sens aux mille accidents vulgaires de la solitude. L’esprit du Sémite se perdait dans des rêveries absurdes sans doute, mais grandes comme la nature entière, et qui emportaient son imagination sur des ailes de la plus vaste envergure. Le Rasène traînait le sien dans les plus mesquines combinaisons, et,



nommèrent dii involuti, les dieux enveloppés. (Dennis, t. I, p. XXIV.) J’en ai parlé plus haut.

(1) Les sources minérales et leurs chaudes exhalaisons étaient aussi un grand objet d’épouvante religieuse :

At rex sollicitus monstris, oracula Fauni
Fatidici genitoris, adit, lucosque sub alta
Consulit Albunea ; nemorum quæ maxima sacro
Fonte sonat, sævamque exhalat opaca mephitim.
Hinc Italæ gentes, omnisque OEnotria tellus,
In dubiis responsa petunt. Huc dona sacerdos
Quum tulit, et cæsarum ovium sub nocte silenti
Pellibus incubuit stratis, somnosque petivit :
Multa modis simulacra videt volitantia miris,
Et varias audit voces, fruiturque deorum
Colloquio, arque imis Acheronta affatur Avernis.

Æn., VII, 81-91.
  1. (1) Les sources minérales et leurs chaudes exhalaisons étaient aussi un grand objet d’épouvante religieuse :

    At rex sollicitus monstris, oracula Fauni
    Fatidici genitoris, adit, lucosque sub alta
    Consulit Albunea ; nemorum quæ maxima sacro
    Fonte sonat, sævamque exhalat opaca mephitim.
    Hinc Italæ gentes, omnisque OEnotria tellus,
    In dubiis responsa petunt. Huc dona sacerdos
    Quum tulit, et cæsarum ovium sub nocte silenti
    Pellibus incubuit stratis, somnosque petivit :
    Multa modis simulacra videt volitantia miris,
    Et varias audit voces, fruiturque deorum
    Colloquio, arque imis Acheronta affatur Avernis.

    Æn., VII, 81-91.