Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/143

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cheveux blonds et rouges. C’étaient des hommes à passions turbulentes ; leur extrême avidité, leur amour du luxe, les faisaient volontiers recourir aux armes. Ils étaient doués d’une compréhension vive et facile, d’un esprit naturel très éveillé, d’une insatiable curiosité, très mous devant l’adversité, et, pour couronner le tout, d’une redoutable inconsistance d’humeur, résultat d’une inaptitude organique à rien respecter ni à rien aimer longtemps (1)[1].

Ainsi faites, les nations galliques étaient parvenues de très bonne heure à un état social assez relevé, dont les mérites comme les défauts représentaient bien et la souche noble d’où ces nations tiraient leur origine, et l’alliage finnois qui avait modifié leur nature (2)[2]. Leur établissement politique présente le même spectacle que nous ont donné, à leurs origines, tous les peuples blancs.

Nous y retrouvons cette organisation sévèrement féodale et ce pouvoir incomplet d’un chef électif en usage chez les Hindous primitifs, chez les Iraniens, chez les Grecs homériques, chez les Chinois de la plus ancienne époque. L’inconsistance de l’autorité et la fierté ombrageuse du guerrier paralysent souvent l’action du mandataire de la loi. Dans le gouvernement des Galls, comme dans celui des autres peuples issus de la même souche, pas de vestiges de ce despotisme insensé d’une table d’airain ou de pierre, forte de l’abstraction qu’elle



(1) César a ainsi dépeint les Gaulois en politique qui, prétendant se servir d’eux, voulait connaître et leur fort et leur faible. (Liv. II, 30 ; IV, 5, et VII, 20.) — Strabon, les jugeant en littérateur désintéressé, est beaucoup plus indulgent. Il trouve les Gaulois bonnes gens et sans malice, ne se fâchant que quand ils sont les plus forts, et se laissant, du reste, persuader aisément. (Strab., IV, 4, 2.)

(2) Schaffarik, après avoir déclaré qu’il considère les Celtes comme le premier des peuples blancs établis en Europe, ajoute : « Déjà, dès les temps les plus anciens, ils étaient non seulement riches et puissants à l’extrême, mais encore extraordinairement cultivés (ungewœhnlich gebildet). Ils occupaient un tiers de l’Europe, et, du IIIe au IIe siècle avant notre ère, ils s’étendaient d’un côté jusqu’à la Vistule, de l’autre, sur le bas Danube, jusqu’au Dniester. » — Slawische Alterthümer, t. I, p. 89. — Il montre, en plus d’un pays, les Slaves dominés par les Celtes, et vivant en sujets au milieu d’eux.

  1. (1) César a ainsi dépeint les Gaulois en politique qui, prétendant se servir d’eux, voulait connaître et leur fort et leur faible. (Liv. II, 30 ; IV, 5, et VII, 20.) — Strabon, les jugeant en littérateur désintéressé, est beaucoup plus indulgent. Il trouve les Gaulois bonnes gens et sans malice, ne se fâchant que quand ils sont les plus forts, et se laissant, du reste, persuader aisément. (Strab., IV, 4, 2.)
  2. (2) Schaffarik, après avoir déclaré qu’il considère les Celtes comme le premier des peuples blancs établis en Europe, ajoute : « Déjà, dès les temps les plus anciens, ils étaient non seulement riches et puissants à l’extrême, mais encore extraordinairement cultivés (ungewœhnlich gebildet). Ils occupaient un tiers de l’Europe, et, du IIIe au IIe siècle avant notre ère, ils s’étendaient d’un côté jusqu’à la Vistule, de l’autre, sur le bas Danube, jusqu’au Dniester. » — Slawische Alterthümer, t. I, p. 89. — Il montre, en plus d’un pays, les Slaves dominés par les Celtes, et vivant en sujets au milieu d’eux.