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Toutes ces expressions sont entièrement galliques, et c’est un témoignage qu’on ne peut récuser de l’antiquité du travail des métaux chez les Kymris. Il serait d’ailleurs bien étrange, on en conviendra, que dans cet Occident où les Ibères étaient en possession de l’art du mineur, où les Étrusques indigènes avaient le même avantage, les Galls en eussent été privés, eux, venus les derniers du pays du nord-est, terre classique, terre natale des forgerons.

Les monuments des deux âges de bronze et de fer ont fourni une énorme quantité d’outils divers, qui donnent encore une haute idée de l’aptitude des nations celtiques au travail du minerai. Ce sont des épées, des haches, des fers de lance, des hallebardes, des jambards, des casques, le tout d’or ou doré, de bronze ou d’argent, ou de fer, ou de plomb, ou de zinc ;



employés aujourd’hui dans l’art du mineur ont souvent l’avantage de fournir des notions fort anciennes. Keferstein fait cette réflexion pour l’Allemagne, et retrouve dans la langue actuelle des travailleurs souterrains du Harz des formes et des racines essentiellement celtiques, qui, en même temps que les procédés et les outils auxquels on les applique, ont passé des Galls aux métis germaniques. Quant à l’étymologie des noms de métaux, on peut remarquer que le mot celtique aes, ais, qui devient dans le breton aren et dans le latin aes, avec la flexion aeris, ne désigne pas proprement du bronze, mais bien, par excellence, le métal le plus dur. C’est à ce titre seulement qu’on le trouve employé dans la plus haute antiquité pour désigner le bronze. Le sanscrit le possède sous la forme ayas ou ayasa, et lui donne le sens de fer. L’allemand a de même Eisen, dérivé du gothique eisarn. L’anglo-saxon a iren, l’anglais iron, l’irlandais iarn. Nous avons ici le celtique ierne, et l’on peut voir que dans la forme jarann il n’est pas trop loin d’ aren. — Schlegel, Indische Bibliothek, t. I, p. 243 et pass. — Voir sur le sens de la racine primitive les recherches très curieuses de Dieffenbach, Vergleichendes Wœrterbuch der gothischen Sprache, in-8o, Frankfurt a. M., 1851, t. I, p. 14, 15, n° 18. La signification de dur parait être ici en corrélation avec l’idée de fondamental. — Il résulte aussi de ce mot plusieurs applications plus ou moins directes, comme celles de métal en général, de richesses, d’armes, harnais, harnisch. On le découvre non seulement dans le sanscrit, les langues celtiques et gothiques, mais aussi dans le pouschtou ou afghan, le grec, le balouki, l’ossète, et on l’aperçoit jusque dans le chaldéen HSN (hébreu), asina, hache. On le remarque dans les langues slaves, avec une forme qui le rapproche de certains dialectes galliques.