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des baudriers, des chaînes précieuses, destinées aux hommes pour suspendre leurs glaives, et aux femmes pour attacher les clefs de la ménagère ; des bracelets de fil de métal tourné en spirales, des broderies appliquées sur des étoffes, des sceptres, des couronnes pour les chefs, etc. (1)[1].

Les Galls pratiquaient la vie sédentaire. Ils vivaient dans de grands villages qui devenaient souvent des villes considérables. Avant l’époque romaine, plusieurs des capitales de leurs nations les plus opulentes avaient acquis un degré notable de puissance. Bourges comptait alors quarante mille habitants (2)[2]. On peut juger, d’après ce seul fait, si ces cités étaient à dédaigner quant à leur étendue et à leur population (3)[3], Autun, Reims, Besançon, dans les Gaules, Carrhodunum, en Pologne, bien d’autres bourgades, n’étaient certainement pas sans importance et sans éclat (4)[4].

L’antiquité latine nous a parlé de la forme des maisons. On en possède en France et dans l’Allemagne méridionale (5)[5] de nombreux restes. Ce sont ces sortes d’excavations connues des antiquaires sous le nom de margelles. Plusieurs mesurent cent pas de tour. Elles sont rondes et toujours réunies deux par deux. L’une servait d’habitation, l’autre de grange. Quelques-uns de ces emplacements semblent avoir porté un mur de soutènement en pierres, sur lequel s’élevait la bâtisse faite de planches et de torchis, souvent recouverte de plâtre. Les Galls usaient volontiers, dans leurs constructions, de la combinaison de la pierre ou du mortier avec le bois (6)[6]. Ces vieilles



(1) Keferstein, ouvr. cité, t. I, p. 330 et pass.

(2) Cæsar, de Bello Gallico, VII, 28.

(3) Les Celtes de Bourges, avant de s’insurger brûlèrent, en un seul jour, vingt de leurs villes qu’ils ne se jugeaient pas en état de défendre. Il s’en faut qu’aujourd’hui le Berry soit aussi peuplé.

(4) Carrhodunum était dans le voisinage de Cracovie. Une autre ville celtique de Pannonie rappelle le nom des Carnutes du pays chartrain, c’est Carnuntum. (Schaffarik, t. I, p. 104.)

(5) On en a trouvé également dans le Brunswick et en Suisse, une première fois près de Bâle, plus tard dans les Grisons. (Keferstein, t. I, p. 292.)

(6) Ils appliquaient même fort habilement ce système à l’architecture militaire. César loue beaucoup leur façon de construire certains

  1. (1) Keferstein, ouvr. cité, t. I, p. 330 et pass.
  2. (2) Cæsar, de Bello Gallico, VII, 28.
  3. (3) Les Celtes de Bourges, avant de s’insurger brûlèrent, en un seul jour, vingt de leurs villes qu’ils ne se jugeaient pas en état de défendre. Il s’en faut qu’aujourd’hui le Berry soit aussi peuplé.
  4. (4) Carrhodunum était dans le voisinage de Cracovie. Une autre ville celtique de Pannonie rappelle le nom des Carnutes du pays chartrain, c’est Carnuntum. (Schaffarik, t. I, p. 104.)
  5. (5) On en a trouvé également dans le Brunswick et en Suisse, une première fois près de Bâle, plus tard dans les Grisons. (Keferstein, t. I, p. 292.)
  6. (6) Ils appliquaient même fort habilement ce système à l’architecture militaire. César loue beaucoup leur façon de construire certains remparts. (Comm. de Bello Gall., VII, 23.) En général, les traducteurs rendent mal ce passage. Un historien de la ville d’Orléans me paraît l’entendre mieux. Voici sa version : « Ces poutres sont placées à deux pieds l’une de l’autre à angle droit avec le parement du rempart. Du côté de la ville, elles sont liées à l’aide de terres extraites du fossé ; à l’extérieur, de grandes pierres remplissent l’intervalle qui les sépare. Sur cette première assise on en établit une seconde, alternant en échiquier avec les pierres, et ainsi de suite. » (L. de Buzonnière, Histoire architecturale de la ville d’Orléans, 1849, In-8°, t. I, p. 2.)