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le point de départ des études les plus importantes pour l’histoire primitive.

Keferstein, poursuivant les traces de Grimm, relève, avec beaucoup de sagacité, que des lettres, des plus essentielles aux dialectes gothiques, manquent parmi les runes : ce sont les suivantes : c, d, e, f, g, h, q, w, x.

Appuyé sur cette observation, il complète fort bien la remarque de son devancier, en concluant que les runes ne sont autres que des alphabets à l’usage celtique (1)[1]. Les caractères runiques, ainsi rendus à leurs véritables inventeurs, trouvent à l’instant un analogue très authentique chez un peuple de même race : c’est l’alphabet irlandais fort ancien, appelé bobelot ou beluisnon. Il est composé, comme les anciens prototypes, de seize lettres seulement, et offre avec les runes des ressemblances frappantes (2)[2].

Il ne faut pas perdre de vue que le système de tous ces modes d’écriture est absolument le même que celui de l’ancien grec, et que les rapports généraux de formes avec ce dernier ne cessent jamais d’exister. Je termine cette revue générale en citant les alphabets italiotes, tels que l’umbrique, l’osque, l’euganéen, le messapien (3)[3] et les alphabets étrusques (4)[4], également rapprochés du grec par leurs formes, et conséquemment ses alliés. Tous ces alphabets sont d’une date très reculée, et, bien qu’ayant entre eux de grandes ressemblances, ils ne



(1) Keferstein, Ansichten, etc., t. I, p. 353. — Verelius, dans sa Runographia, avait déjà remarqué, il y a longtemps, ainsi que Rudbock, l’antériorité des runes à l’égard de la civilisation des Ases, et insisté sur l’interprétation fautive du Havamaal, qui semble attribuer à Odin l’invention des lettres sacrées, tandis que ce dieu ne peut prétendre qu’à celle de la poésie. Verelius a, de plus, fait observer que les runes étaient d’autant mieux tracées et mieux faites qu’elles étaient plus anciennes. — Salverte, Essai sur l’origine des noms d’hommes, de peuples et de lieux, t. II, p. 74, 75.

(2) Keferstein, t. I, p. 355. — Dieffenbach, Celtica II, 2e Abth., p. 19.

(3) Dennis constate l’extrême similitude de tous ces alphabets. (T. I, p. XVIII.)

(4) On en compte plusieurs et dans lesquels le nombre de lettres varie. — Dennis, ouvr. cité, t. II, p. 399. — Voir aussi Mommsen, Die nordetruskischen Alphabete.

  1. (1) Keferstein, Ansichten, etc., t. I, p. 353. — Verelius, dans sa Runographia, avait déjà remarqué, il y a longtemps, ainsi que Rudbock, l’antériorité des runes à l’égard de la civilisation des Ases, et insisté sur l’interprétation fautive du Havamaal, qui semble attribuer à Odin l’invention des lettres sacrées, tandis que ce dieu ne peut prétendre qu’à celle de la poésie. Verelius a, de plus, fait observer que les runes étaient d’autant mieux tracées et mieux faites qu’elles étaient plus anciennes. — Salverte, Essai sur l’origine des noms d’hommes, de peuples et de lieux, t. II, p. 74, 75.
  2. (2) Keferstein, t. I, p. 355. — Dieffenbach, Celtica II, 2e Abth., p. 19.
  3. (3) Dennis constate l’extrême similitude de tous ces alphabets. (T. I, p. XVIII.)
  4. (4) On en compte plusieurs et dans lesquels le nombre de lettres varie. — Dennis, ouvr. cité, t. II, p. 399. — Voir aussi Mommsen, Die nordetruskischen Alphabete.