Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/178

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De tels exemples ne se sont jamais produits, et ce que le poids des armes pourrait consacrer un moment, n’étant jamais ratifié par la conscience des opprimés, fragile et vacillant, s’anéantirait bientôt. Ainsi, partout où il y a esclavage, il y a dualité ou pluralité de races. Il y a des vainqueurs et des vaincus, et l’oppression est d’autant plus complète que les races sont plus distinctes. Les esclaves, les vaincus, chez les Galls, ce furent les Finnois. Je ne m’arrêterai pas à combattre l’opinion qui veut apercevoir dans la population servile de la Celtique des tribus ibériennes proprement dites. Rien n’indique que cette famille hispanique ait jamais occupé les provinces situées au nord de la Garonne (1)[1]. Puis les différences n’étaient pas telles entre les Galls et les maîtres de l’Espagne, que ces derniers aient pu être abaissés en masse au rôle d’esclaves vis-à-vis de leurs dominateurs. Quand des expéditions kymriques, pénétrant dans la Péninsule, allèrent y troubler tous les rapports antérieurs, nous en voyons résulter des expulsions et des mélanges ; mais tout démontre que, la guerre finie, il y eut, entre les deux parties contendantes, des relations généralement basées sur la reconnaissance d’une certaine égalité (2)[2].



le servage est d’institution récente ; mais il faut observer, d’abord, que la situation du paysan de l’empire mérite à peine ce nom ; puis, dans les deux pays, elle se transforme rapidement en liberté complète, preuve qu’elle n’a jamais été subie sans protestation. Elle n’aura donc constitué qu’un accident transitoire, résultat naturel de la superposition de races différemment douées ; car, en Pologne aussi bien qu’en Russie, la noblesse est issue de conquérants étrangers. Aujourd’hui, cette ligne de démarcation ethnique disparaissant ou ayant disparu, le servage n’a plus de raison d’être et le prouve en s’éteignant.

(1) Le rapprochement que l’on peut établir entre le nom de la nation hispanique métisse des Ligures et celui du fleuve de Loire, Liger, prouverait simplement que les Ligures avaient adopté le nom de la tribu austro-celtique paternelle, qui leur semblait plus honorable que celui de tout autre peuple, ibère d’origine, dont ils pouvaient également descendre. L’héritage de cette partie de leur généalogie se composait de souvenirs moins brillants. (Dieffenbach, Celtica II, 1re Abth., p. 22.) — Voir encore le même auteur pour le nom des Llœgrwys, que les Triades gaéliques rattachent à la souche primitive des Kymris. (Ibid., 2e Abth., p. 71 et 130.)

(2) Les Celtibériens, produit de l’hymen des deux peuples, se montrèrent

  1. (1) Le rapprochement que l’on peut établir entre le nom de la nation hispanique métisse des Ligures et celui du fleuve de Loire, Liger, prouverait simplement que les Ligures avaient adopté le nom de la tribu austro-celtique paternelle, qui leur semblait plus honorable que celui de tout autre peuple, ibère d’origine, dont ils pouvaient également descendre. L’héritage de cette partie de leur généalogie se composait de souvenirs moins brillants. (Dieffenbach, Celtica II, 1re Abth., p. 22.) — Voir encore le même auteur pour le nom des Llœgrwys, que les Triades gaéliques rattachent à la souche primitive des Kymris. (Ibid., 2e Abth., p. 71 et 130.)
  2. (2) Les Celtibériens, produit de l’hymen des deux peuples, se montrèrent peut-être un peu supérieurs aux familles d’où ils sortaient. J’ai déjà fait remarquer que ce fait était assez ordinaire dans les alliages d’espèces inférieures ou secondaires. (Voir t. I, livre Ier.) Dieffenbach (Celtica II, 2e Abth., p. 47) fait cette même observation, précisément à propos du sujet dont il s’agit ici.