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bien que des substantifs : les résultats de l’examen seront les mêmes, et lorsqu’on découvre des rapports aussi frappants, aussi intimes entre deux langues, que d’ailleurs les formes de l’oraison sont, de leur côté, parfaitement identiques, le procès est jugé : les Latins, descendants, en partie, des Umbres, étaient bien, comme leur nom l’indique, apparentés de près aux Galls, ainsi que leurs ancêtres, et, partant, les aborigènes de l’Italie, non moins que ceux de la Grèce, appartenaient, pour une forte part, à ce groupe de nations.

C’est ainsi, et seulement ainsi, que s’explique cette sorte de teinte uniforme, cette couleur terne qui couvre également, aux âges héroïques, tout ce que nous savons et pénétrons des faits et des actes de la masse appelée pélasgique, comme de celle qui porte son vrai nom de kymrique. On y observe une pareille allure grossière et soldatesque, une pareille façon de laboureur et de pasteur de bœufs. Quoi ! c’est une pareille manière de s’orner et de se parer. Nous ne retrouvons pas moins de bracelets et d’anneaux dans le costume des Sabins de la Rome primitive que dans celui des Arvernes et des Boïens de Vercingetorix (1)[1]. Chez les deux peuples, le brave se montre à nous sous le même aspect physique et moral, bataillant et travaillant, austère et sans rien de pompeux (2)[2].



si familier au latin et qu’on retrouve dans la manière d’écrire indifféremment Pratica ou Patrica, nom d’une ville aborigène, Lanuvium ou Lavinium, Agendicum ou Agedincum. Les dialectes slaves ne sont pas moins aptes que les celtiques à cette évolution.

(1) Liv., I, 129 : « Vulgo Sabini aureas armillas magni ponderis brachio lævo gemmatosque magna specie annulos habuerint ».

(2) Niebuhr signale chez les aborigènes de l’Italie cet usage, tout à fait étranger aux races sémitiques et sémitisées, de porter des noms propres permanents, qui maintenaient la notion généalogique de la famille. Probablement il en était ainsi chez les premiers habitants blancs de la Grèce, mais on ne possède plus aucun moyen de s’en assurer. Cette coutume fut conservée par les Romains. (Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 115. — Salverte, Essai sur l’origine des noms propres d’hommes, de peuples et de lieux, t. I, p. 187.) L’auteur de ce livre paraît croire que l’usage des noms propres permanents cessa vers le IIIe siècle pour n’être repris que vers le Xe siècle. C’est, je crois, une opinion erronée, et j’inclinerais à penser que jamais l’habitude ne fut complètement abandonnée dans les couches celtiques de la population. Il y

  1. (1) Liv., I, 129 : « Vulgo Sabini aureas armillas magni ponderis brachio lævo gemmatosque magna specie annulos habuerint ».
  2. (2) Niebuhr signale chez les aborigènes de l’Italie cet usage, tout à fait étranger aux races sémitiques et sémitisées, de porter des noms propres permanents, qui maintenaient la notion généalogique de la famille. Probablement il en était ainsi chez les premiers habitants blancs de la Grèce, mais on ne possède plus aucun moyen de s’en assurer. Cette coutume fut conservée par les Romains. (Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 115. — Salverte, Essai sur l’origine des noms propres d’hommes, de peuples et de lieux, t. I, p. 187.) L’auteur de ce livre paraît croire que l’usage des noms propres permanents cessa vers le IIIe siècle pour n’être repris que vers le Xe siècle. C’est, je crois, une opinion erronée, et j’inclinerais à penser que jamais l’habitude ne fut complètement abandonnée dans les couches celtiques de la population. Il y avait à Bordeaux une famille de Paulins au IVe siècle. (Voir Élie Vinet, l’Antiquité de Bourdeaus et de Bourg, Bourdeaus, petit in-4o, 1554.) — Notons en passant que cette habitude, très commode et très simple, de conserver indéfiniment aux descendants le nom du père, paraît faire partie des instincts de plusieurs groupes jaunes. Les Chinois la pratiquent de toute antiquité et avec une telle ténacité que certaines familles originaires de leur pays, qui se sont transportées et fixées en Arménie, ont bien pu, en changeant de langue, oublier leurs noms primitifs ; mais elles en ont pris de locaux et les conservent fidèlement au milieu d’une population qui n’en a pas. Ce sont les Orpélians, les Mamigonéans, d’autres encore. Au Japon, la même coutume existe, et, fait plus notable encore, elle est immémoriale chez les Lapons européens, chez les Bouriates, les Ostiaks, les Baschkirs. (Salverte, ouvr. cité, t. I, p, 135, 141 et 144.)