Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À l’inverse de ce qui a lieu d’ordinaire, les altérations subies par l’espèce étrusque étaient, en général, de nature à l’améliorer. D’une part, le sang kymrique italiote, en se mêlant aux éléments rasènes, relevait leur énergie  ; de l’autre, l’essence ariane sémitisée, apportée par les Grecs, donnait à l’ensemble un mouvement, une ardeur, trop faible pour le jeter dans les frénésies helléniques ou asiatiques, mais suffisantes pour corriger quelque peu ce que les alliages occidentaux avaient de trop absolument utilitaire. Malheureusement ces transformations s’opéraient surtout dans les classes moyennes et basses, dont la valeur se trouvait ainsi rapprochée de celle des familles nobles, et ce n’était pas là de quoi maintenir l’équilibre politique intact et la puissance aristocratique incontestée.

Puis, cette grande bigarrure d’éléments ethniques créait trop de mélanges fragmentaires et de petits groupes séparés. Des antagonismes s’établirent dans le sein de la population, presque comme en Grèce, et jamais l’empire étrusque ne put parvenir à l’unité. Puissant pour la conquête, doué d’institutions militaires si parfaites que les Romains n’ont eu, plus tard, rien de mieux à faire que de les copier, tant pour l’organisation des légions que pour leur armement, les Étrusques n’ont jamais su concentrer leur gouvernement (1)[1]. Ils en sont toujours restés, dans les moments de crise, à la ressource celtique de l’embratur, l’imperator, qui guidait leurs troupes confédérées avec un pouvoir absolu, mais temporaire. Hors de là, ils n’ont réalisé que des confédérations de villes principales, entraînant les cités inférieures dans l’orbite de leurs volontés. Chaque centre politique était le siège de quelques grandes races, maîtresses des pontificats, interprètes des lois, directrices des conseils souverains, commandant à la guerre, disposant du trésor public. Quand une de ces familles acquérait une prépondérance décidée sur ses rivales, il y avait, en quelque sorte, royauté,



(1) La royauté existait de nom chez les Étrusques, mais elle resta de fait une magistrature très faiblement constituée ; à Veies, elle était élective. (Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 83.)

  1. (1) La royauté existait de nom chez les Étrusques, mais elle resta de fait une magistrature très faiblement constituée ; à Veies, elle était élective. (Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 83.)