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de l’Euphrate. Sur ces différents points, il se mêlait à la population indigène. Mais là, en fait de désordre, tout était opéré depuis longtemps, et un peu plus, un peu moins d’alliage dans ces masses innombrables, n’était pas pour changer rien à leur incohérence, d’une part, à la prédominance foncière des éléments mélanisés, de l’autre.

On n’oubliera pas que ce n’est qu’épisodiquement si je parle en ce moment de la Gaule, et seulement pour expliquer comment son sang n’eut pas d’action pour empêcher Rome et l’Italie de se sémitiser. Par la même occasion, j’ai montré ce que cette province elle-même était devenue après sa conquête. Je rentre dans le courant du grand fleuve romain.

Les races italiotes pures n’existaient donc plus, à l’époque de Pompée, en Italie : le pays était devenu jardin. Cependant, quelque temps encore, les multitudes jadis vaincues, glorifiées par leur défaite, n’osèrent pas proposer pour le gouvernement de l’univers des hommes nés dans leurs pays déshonorés. L’ancienne force d’impulsion subsistait, bien que mourante, et c’était sur le sol sacré par la victoire qu’on s’accommodait encore de chercher le maître universel. Comme les institutions ne découlent jamais que de l’état ethnique des peuples, cette situation doit être bien assise avant que les institutions s’établissent et surtout se complètent. Jadis l’Italie n’avait obtenu le droit de cité romaine que longtemps après l’invasion complète de Rome par les Italiotes. Ce ne fut également que lorsque le désordre le plus complet dans la ville et la Péninsule eut effacé l’influence de leurs populations nationales que les provinces furent admises en masse aux droits civiques, et que l’on vit l’Arabe au fond de son désert, le Batave dans ses marais, s’intituler, mais sans trop d’orgueil, citoyen romain.

Néanmoins, avant qu’on en fût là, et que l’état des faits eût été confessé par celui de la loi, l’incohérence ethnique et la disparition des races italiotes s’étaient déjà affichées dans l’acte le plus considérable que pût amener la politique, je dis, dans le choix des empereurs.

Pour une société arrivée au même point que l’agglomération assyrienne, la royauté persane et le despotisme macédonien,