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et qui ne cherchait plus que la tranquillité, et, autant que possible, la stabilité, on peut être étonné que l’empire n’ait pas, dès le premier jour, accepté le principe de l’hérédité monarchique. Certainement, ce n’est pas le culte d’une liberté trop prude qui l’en tenait d’avance dégoûté. Ses répugnances provenaient de la même source qui avait ailleurs empêché la domination sur le monde gréco-asiatique de se perpétuer dans la famille du fils d’Olympias.

Les royaumes ninivites et babyloniens avaient pu inaugurer des dynasties. Ces États étaient dirigés par des conquérants étrangers qui imposaient aux vaincus une certaine forme, en se passant de tout assentiment, et ainsi la loi constitutive n’était pas assise sur un compromis, mais bien sur la force. Ce fait est si vrai que les dynasties ne se succédaient pas autrement que par le droit de victoire. Dans la monarchie persane, il en fut de même. La société macédonienne, issue elle-même d’un pacte entre les diverses nationalités de la Grèce, et englobée dès son premier pas dans l’anarchie des idées asiatiques, ne fonctionna pas d’une manière aussi aisée ni aussi simple. Elle ne put fonder rien d’unitaire ni même de stable, et, pour vivre, elle dut consentir à éparpiller ses forces. Toutefois son influence agit encore assez fortement sur les Asiatiques pour déterminer la fondation des différents royaumes de la Bactriane, des Lagides, des Séleucides. Il y eut là des dynasties, sans doute médiocrement régulières, quant à l’observation domestique des droits de successibilité, mais du moins inébranlables dans la possession du trône, et respectées de la race indigène. Cette circonstance fait bien voir à quel point étaient reconnus la suprématie ethnique des vainqueurs et les droits qui en découlaient.

C’est donc un fait incontestable que l’élément macédonien-arian parvenait à maintenir en Asie sa supériorité, et, bien que fort combattu et même annulé sur la plupart des points, demeurait capable de produire des résultats pratiques d’une assez notable importance (1)[1].



(1) L’hellénisme avait encore assez d’individualité pour que les

  1. (1) L’hellénisme avait encore assez d’individualité pour que les Séleucides fussent amenés par fanatisme religieux à persécuter les Juifs. (Voir Bœttiger, ouvr. cité, t. I, p. 28.)