Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/27

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voit sur quel terrain scabreux opérait l’autorité du prince, même ayant de son côté le droit et le bon sens.

Dans cette société vive, jeune, altière, le génie arian inspirait richement la poésie épique. Les hymnes adressés aux dieux étaient des récits ou des nomenclatures plutôt que des effusions. Le jour du lyrisme n’était pas venu. Le héros grec combattait monté sur le char arian, ayant à ses côtés un écuyer de sang noble, souvent royal, bien semblable au souta brahmanique, et ses dieux étaient des dieux-esprits, indéfinis, peu nombreux et ramenés facilement à une unité qui, mieux que tout encore, sentait son origine voisine des monts hymalayens (1)[1].

À ce moment très ancien, la puissance civilisatrice, initiatrice, ne résidait pas dans le sud : elle émanait du nord. Elle venait de la Thrace avec Orphée, avec Musée, avec Linus. Les guerriers grecs apparaissaient grands de taille, blancs et blonds. Leurs yeux portaient leur arrogance dans l’azur, et ce souvenir resta tellement maître de la pensée des générations suivantes, que lorsque le polythéisme noir eut envahi, avec l’affluence croissante des immigrations sémitiques, toutes les contrées comme toutes les consciences, et eut substitué ses sanctuaires aux simples lieux de prière dont jadis les aïeux se contentaient, la plus haute expression de la beauté, de la puissance majestueuse, ne fut pas autre pour les Olympiens que la reproduction du type arian, yeux bleus, cheveux blonds, teint blanc, stature élevée, dégagée, élancée.

Autre signe d’identité non moins digne de remarque. En Égypte, en Assyrie, dans l’Inde, on avait eu l’idée que les hommes blancs étaient dieux ou pouvaient le devenir, et l’on admettait la possibilité du combat et de la victoire des guerriers blancs contre les puissances célestes. Les mêmes notions se retrouvent au sein des sociétés primitives de la Grèce, ainsi que je l’ai dit à propos des Titans, et je le répète ici de leurs descendants immédiats, les Deucalionides. Ces braves combattent audacieusement les êtres surnaturels et les forces personnifiées



(1) Voir dans le premier volume la note sur le Vourounas arian, le Varouna hindou et l’Οὺρανός grec, et surtout ce qui a été dit sur le Deus, puis sur les Titans.

  1. (1) Voir dans le premier volume la note sur le Vourounas arian, le Varouna hindou et l’Οὺρανός grec, et surtout ce qui a été dit sur le Deus, puis sur les Titans.