Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/28

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de la nature. Diomède blesse Vénus ; Hercule tue les oiseaux sacrés du lac Stymphalide, il étouffe les géants, enfants de la terre, et fait trembler d’épouvante la voûte des palais infernaux ; Thésée, parcourant le monde d’en bas l’épée à la main, est un vrai Scandinave. En un mot, les Arians Grecs, comme tous leurs parents, ont une si haute opinion des droits de la vigueur, que rien ne leur paraît trop au-dessus de leurs prétentions légitimes et d’une audace permise.

Des hommes si avides d’honneur, de gloire et d’indépendance étaient naturellement portés à se mettre au-dessus les uns des autres et à réclamer des égards extraordinaires. Il ne leur suffisait pas de limiter de leur mieux l’action du pouvoir social et de rendre ce pouvoir dépendant de leurs suffrages : ils voulaient se faire compter, estimer, honorer, non seulement comme Arians, libres et guerriers, mais, dans la masse des guerriers, des hommes libres, des Arians, comme des individualités d’élite. Cette prétention universelle obligeait chacun à de grands efforts, et puisque, pour atteindre à l’idéal proposé, il n’y avait d’autre voie que d’être le plus Arian possible, de résumer le plus les vertus de la race, l’on attacha une très grande importance à la pureté des généalogies.

Durant les temps historiques, cette notion se pervertit. On s’estima alors suffisamment noble, quand la famille put se dire vieille. Dans ce cas, elle mettait son orgueil à accuser une descendance asiatique (1)[1]. Mais, au début de la nation, avoir le droit de se vanter d’être un pur Arian fut le gage unique d’une supériorité incontestable. L’idée de la préexcellence de race existait aussi complète chez les Grecs primitifs que chez toutes les autres familles blanches. C’est un instinct qui ne se rencontre bien entier que dans ce cercle, et qui s’y altère par le mélange avec les races jaune et noire, auxquelles il fut toujours étranger.



(1) Certaines familles athéniennes semblent avoir pu se rendre, avec vérité, ce témoignage. Les Géphyres, d’où descendaient Harmodius et Aristogiton, portaient un nom chananéen (hébreu) geber, geberim, les forts, les puissants, les chefs. (Bœttiger, t. I, p. 206.)

  1. (1) Certaines familles athéniennes semblent avoir pu se rendre, avec vérité, ce témoignage. Les Géphyres, d’où descendaient Harmodius et Aristogiton, portaient un nom chananéen (hébreu) geber, geberim, les forts, les puissants, les chefs. (Bœttiger, t. I, p. 206.)