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elle s’était absorbée, et, loin d’avoir développé les instincts natifs de l’espèce blanche, ils les avaient, au contraire, en grande partie émoussés ou perdus. Ainsi, leur religion et le naturalisme qui en fournissait l’étoffe s’étaient ravalés plus bas que ce qu’on voyait même chez les Galls. Le druidisme de ceux-ci, qui n’était assurément pas une doctrine exempte des influences corruptrices de l’alliance finnique, en était cependant moins pénétré que la théologie des Slaves. C’est en celle-ci que se montrait la source des opinions les plus grossièrement superstitieuses, la croyance à la lycanthropie, par exemple. Ils fournissaient aussi des sorciers de toutes les espèces désirables (1)[1].

Cette contemplation superstitieuse de la nature, qui n’était pas moins absorbante pour l’esprit des Slaves septentrionaux que pour celui de leurs parents, les Rasènes de l’Italie, tenait une très grande place dans l’ensemble de leurs notions. Les monuments nombreux qu’ils ont laissés, tout en attestant chez eux un certain degré d’habileté, et surtout un génie patient et laborieux, ne valent pas ce qu’on trouve sur les terres celtiques, et, ce qui met le sceau à la démonstration de leur infériorité, c’est qu’ils n’ont jamais pu agir sur les autres familles d’une façon dominatrice. La vie de conquête leur a été constamment inconnue. Ils n’ont pas même su créer pour eux-mêmes un État politique véritablement fort (2)[2].

Quand, dans cette race prolifique, la tribu devenait quelque peu populeuse, elle se scindait. Trouvant par trop pénible pour sa dose de vigueur intellectuelle le gouvernement de trop de têtes réunies et l’administration de trop d’intérêts, elle s’empressait d’envoyer au dehors de ses limites une ou plusieurs communautés sur lesquelles elle ne prétendait conserver qu’une sorte de préséance maternelle, leur laissant d’ailleurs pleine liberté de se régir à leur guise. Les dispositions politiques du Wende, essentiellement sporadiques, ne lui permettaient pas de comprendre, encore moins de pratiquer le gouvernement

(1) Schaffarik, ouvr. cité, t. I, p. 195.

(2) Id., ibid., t. I, p. 167.

  1. (1) Schaffarik, ouvr. cité, t. I, p. 195.
  2. (2) Id., ibid., t. I, p. 167.