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blonds, aux yeux bleus, aux bras blancs, que nous avons déjà vue aux côtés des Pandavas, et que nous retrouverons chez les Celtes et dans les forêts germaniques. Pour elle, l’obéissance passive n’était pas faite.

Cette noble et généreuse créature, assise vis-à-vis de son belliqueux époux, auprès du foyer domestique, apparaissait entourée d’enfants soumis jusqu’à la mort inclusivement aux volontés paternelles. Les fils et les filles marquaient, dans la maison, le premier degré de l’obéissance : des représentations de leur part n’étaient pas de mise. Mais, une fois sorti de la demeure des aïeux, le fils allait fonder une autre souveraineté domestique, et pratiquait à son tour ce qu’il avait appris. Après les enfants venaient les esclaves : leur situation subordonnée n’avait rien de trop pénible. Qu’ils eussent été achetés pour un certain poids d’argent ou d’or, ou acquis par échange en retour de taureaux et de génisses, ou bien encore que le sort de la guerre les eût jetés aux mains de leurs vainqueurs comme épaves d’une ville prise d’assaut, les esclaves étaient plutôt des sujets que des êtres abandonnés à tous les caprices des propriétaires.

D’ailleurs, un des caractères saillants des sociétés jeunes, c’est la mauvaise entente de ce qui est productif (1)[1], et cette heureuse ignorance rendait assez douce l’existence des esclaves grecs. Soit que, confondus avec les serfs, ils gardassent les troupeaux sur les rives du Pénée et de l’Achéloüs, soit que, dans l’intérieur du manoir, ils eussent à vaquer aux travaux sédentaires, ce qu’on exigeait d’eux était minime, parce que



supérieure à l’épouse des âges civilisés ou sémitisés. Voir Pénélope, Hélène, dans l’Odyssée, et la reine des Phéaciens. Elle a, tout à la fois, plus de gravité, de considération et de liberté. Cette première institution s’était un peu conservée chez les Macédoniens, à en juger par le rôle que joue Olympias dans les affaires d’Alexandre. Comparer aussi les mœurs des Doriens de Sparte. (Bœttiger, t. II, p. 61.)

(1) Le préjugé général des races arianes engendre d’ailleurs cette incapacité : pour elles, la première notion du droit de propriété, c’est la conquête, et, comme le dit très bien un historien anglais, « the hellenic idea of property was spoil whether acquired by land or sea. » (Mc. Cullagh, t. I, p. 18.)

  1. (1) Le préjugé général des races arianes engendre d’ailleurs cette incapacité : pour elles, la première notion du droit de propriété, c’est la conquête, et, comme le dit très bien un historien anglais, « the hellenic idea of property was spoil whether acquired by land or sea. » (Mc. Cullagh, t. I, p. 18.)