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paraissent comme plus importantes pour nous, et comme plus sympathiques, dans le sens général de l’histoire, que ne le peuvent être même les groupes de pareille origine, fondateurs ou restaurateurs des autres civilisations du monde.

Les premiers de ces peuples qui aient pénétré en Europe, à des époques extrêmement obscures, et quand des groupes de Finnois, peut-être même des Celtes et des Slaves, occupaient déjà quelques contrées du nord de la Grèce, paraissent avoir été les Illyriens et les Thraces. Ces races subirent nécessairement les mélanges les plus considérables ; aussi leur prépondérance a-t-elle laissé le moins de vestiges. Il n’est vraiment utile d’en parler ici que pour montrer l’étendue approximative de la plus ancienne expansion des Arians extra-hindous et extra-iraniens. Vers l’ouest les Illyriens et des Thraces occupaient alors en maîtres les vallées et les plaines, de l’Hellade au Danube, et, poussant jusqu’en Italie, ils étaient surtout établis fortement sur les versants septentrionaux de l’Hémus[1].

Bientôt ils furent suivis par une autre branche de la famille, les Gètes, qui s’établirent à côté d’eux, souvent au milieu d’eux, et enfin beaucoup plus loin qu’eux, vers le nord-ouest et le nord[2]. Les Gètes se considéraient comme immortels, dit Hérodote. Ils pensaient que le passage au monde d’en bas, loin de les conduire au néant ou à une condition souffrante, les menait aux célestes et glorieuses demeures de Xamolxis[3]. Ce dogme est purement arian.

  1. Schaffarik (I, 271) croit reconnaître des vestiges de leur domination jusque dans la Bessarabie.
  2. Pline (Hist. natur., IV, 18) place une nation de Gètes après les Thraces, au nord de l’Hémus.
  3. Hérod., IV, 93. — Il est à remarquer que, dans ce même paragraphe, il y a une identification complète des Gètes avec les Thraces, ce qui peut servir d’argument supplémentaire pour appuyer l’origine ariane de ces derniers. — Les médailles apportent ici leur secours. Toutes celles qui appartiennent aux nations situées au nord de l’Hémus et à l’ouest de la Caspienne montrent des types souvent fort grossiers d’expression comme d’exécution  ; la plupart sont évidemment arians, quelques-uns sont slaves, aucun ne montre la plus légère trace de la physionomie finnoise. Je citerai, entre autres, les monnaies de Cotys V, type slave ; celles de la ville de Panticapée, type arian, etc.