Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/355

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Cette première alluvion fit grand bien aux nations qu’elle pénétra. Elle restitua leur vitalité, atténua chez elles l’influence des alliages finniques, leur rendit pour un certain temps une activité conquérante, qui leur valut une partie des Gaules et les cantons orientaux de l’île de Bretagne ; bref, elle leur donna une supériorité si marquée sur tous les autres Galls que, lorsque les Cimbres et les Teutons, s’ébranlant à leur tour, franchirent le Rhin, ces émigrants passèrent à côté des territoires belges sans oser les attaquer, eux qui affrontaient sans crainte les légions romaines. C’est qu’ils reconnaissaient sur l’Escaut, la Somme et l’Oise des parents qui les valaient presque.

Le caractère de furie et de rage déployé par ces antagonistes de Marins, leur incroyable audace, leur pesante avidité sont tout à fait dignes de remarque, parce que rien de tout cela n’était plus ni dans les habitudes ni dans les moyens des peuples celtiques proprement dits. Toutes ces tribus cimbriques et teutonnes avaient été, plus particulièrement encore que les Celtes, fortifiées par des accessions Scandinaves. Depuis que les Arians du nord vivaient dans leur voisinage immédiat et avaient commencé à leur faire sentir plus activement leur présence, depuis que les Jotuns avaient aussi pénétré dans leurs domaines, elles avaient subi de grandes transformations, qui les mettaient au-dessus du reste de leur ancienne famille. C’étaient toujours des Celtes fondamentalement, mais des Celtes régénérés.

En cette qualité, ils n’étaient pas cependant devenus les


(Voir Wachter, Encycl. Ersch u. Gruber, Galli, p. 47. — Dieffenbach, Celtica II, p. 68.) — De même que les premiers clans germaniques de l’Orient, ceux qui venaient de la Norwège, se mêlèrent aux Celtes, qu’ils trouvèrent sur leur chemin, de même les premières expéditions gothiques contractèrent des alliances qui les modifièrent profondément. Ainsi les Gothini de la Silésie avaient adopté la langue de leurs sujets de race kymrique. Tacite le dit expressément. (Germ., 43.) J’insiste d’autant plus fortement sur les faits de ce genre, qu’ils forment la partie essentielle de l’histoire, qu’ils expliquent une multitude d’enigmes, jusqu’ici insolubles, et que jamais on ne les a pris en considération.