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égaux de ceux qui leur avaient communiqué une part de leur puissance ; et quand les Scandinaves, quittant un jour en nombre suffisant leur péninsule, étaient venus réclamer non plus seulement la suprématie souveraine, mais le domaine direct de ces métis, ces derniers s’étaient vus contraints de leur faire place. C’est ainsi qu’une grande partie d’entre eux, quittant un pays qui n’avait plus à leur offrir que la pauvreté et la sujétion, composèrent ces bandes exaspérées qui renouvelèrent un moment dans le monde romain la vision des jours désastreux de l’antique Brennus.

Tous les Teutons, tous les Cimbres n’eurent pas recours sans exception à ce violent parti et ne se jetèrent pas dans l’exil. Ce furent les plus hardis, les plus nobles, les plus germanisés qui le firent. S’il est dans les instincts des familles guerrières et dominantes d’abandonner en masse une contrée où l’attrait de leurs anciens droits ne les retient plus, il n’en est point ainsi des couches inférieures de la population, vouées aux travaux agricoles et a la soumission politique. Pas d’exemple qu’elles aient jamais été ni expulsées en masse, ni absolument détruites dans aucune contrée. Ce fut le cas des Cimbres et de leurs alliés. La couche germanisée disparut, pour faire place à une couche plus homogène dans sa valeur scandinave. Les substructions celtiques mêlées d’éléments finnois se conservèrent. La langue danoise moderne le révèle nettement (1)[1]. Elle a conservé des traces profondes du contact celtique, qui n’a pu s’opérer qu’à cette époque. Un peu plus tard on trouve encore, chez les diverses nations germaniques de ces pays, de nombreuses croyances et pratiques druidiques.

L’époque de l’expulsion des Teutons et des Cimbres constitue un second déplacement des Arians du nord, plus important


(1) Munch (ouvr. cité, p. 8) ne pense pas qu’avant le VIIIe siècle de notre ère on puisse affirmer que les populations danoises aient été germaniques. L’extrême nord du Jutland parait avoir porté un grand nombre de populations diverses, d’abord des Finnois, puis des Celtes, puis des Slaves, puis des Jotûns, enfin des Scandinaves. — Wachter (Galli) considère les Danois comme un mélange primitif de Finnois et de Celtes.


  1. (1) Munch (ouvr. cité, p. 8) ne pense pas qu’avant le VIIIe siècle de notre ère on puisse affirmer que les populations danoises aient été germaniques. L’extrême nord du Jutland parait avoir porté un grand nombre de populations diverses, d’abord des Finnois, puis des Celtes, puis des Slaves, puis des Jotûns, enfin des Scandinaves. — Wachter (Galli) considère les Danois comme un mélange primitif de Finnois et de Celtes.