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qui un peu avant son consulat avaient pénétré, l’épée au poing, au sein du pays des Arvernes, et qui, s’y étant établies dans des terres concédées de gré, ou plutôt de force, par les indigènes, avaient ensuite appelé auprès d’eux un assez grand nombre de leurs compatriotes pour former là une colonisation de vingt mille âmes à peu près. Ce trait suffit, soit dit en passant, pour expliquer cette terrible résistance qui, parmi les habitants énervés de la Gaule, fit rivaliser les sujets de Vercingétorix avec le courage des plus hardis champions du Nord (1)[1].

C’est à ce peu de renseignements que se bornait, au Ier siècle avant notre ère, la connaissance qu’on avait dans le monde romain de ces vaillantes nations qui allaient un jour exercer une si grande influence sur l’univers civilisé. Je ne m’en étonne pas : elles venaient d’arriver ou à peine de se former, et n’avaient pu encore révéler qu’à demi leur présence. On serait en droit de considérer ces détails incomplets comme à peu près nuls, quant au jugement à porter sur la nature spéciale des peuples germaniques de la seconde invasion, si, par la description spéciale que l’auteur de la guerre gallique a laissée du camp et de la personne d’Arioviste, il ne se trouvait heureusement avoir suppléé, dans une mesure utile, à ce que ses autres observations avaient de trop vague pour autoriser une conclusion.

Arioviste, aux yeux du grand homme d’Etat romain, n’est pas seulement un chef de bande, c’est un conquérant politique de la plus haute espèce, et ce jugement, à coup sûr, fait honneur à celui qui l’a mérité. Avant d’entrer en lutte avec le peuple-roi, il avait inspiré une bien forte idée de sa puissance au sénat, puisque celui-ci avait cru devoir le reconnaître déjà pour souverain et le déclarer ami et allié. Ces titres si recherchés, si appréciés des riches monarques de l’Asie, ne

(1) Il parait qu’avant l’époque de César les nations de la Gaule, les plus considérables, avaient eu recours, pour augmenter leur puissance, à ce moyen familier aux peuples en décadence, de coloniser chez eux des étrangers sous la condition du service militaire. Ce qu’avaient fait les Arvernes, peut-être un peu de force, leurs rivaux, les Eduens, l’avaient essayé de bonne grâce.


  1. (1) Il parait qu’avant l’époque de César les nations de la Gaule, les plus considérables, avaient eu recours, pour augmenter leur puissance, à ce moyen familier aux peuples en décadence, de coloniser chez eux des étrangers sous la condition du service militaire. Ce qu’avaient fait les Arvernes, peut-être un peu de force, leurs rivaux, les Eduens, l’avaient essayé de bonne grâce.