Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/378

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On s’est demandé, avec plus ou moins de raison, si les nations sémitiques avaient eu originairement une idée bien nette de l’autre vie. Chez aucune race ariane ce doute n’est possible. La mort ne fut jamais pour toutes qu’un passage étroit, à la vérité, mais insignifiant, ouvert sur un autre monde. Ils y entrevoyaient diverses destinées, qui, d’ailleurs, n’étaient pas déterminées par les mérites de la vertu ou le châtiment qu’aurait dû recevoir le vice. L’homme de noble race, le véritable Arian arrivait par la seule puissance de son origine à tous les honneurs du Walhalla, tandis que les pauvres, les captifs, les esclaves, en un mot, les métis et les êtres d’une naissance inférieure, tombaient indistinctement dans les ténèbres glaciales du Niflheimz (1)[1].

Cette doctrine ne fut évidemment de mise que pendant les époques où toute gloire, toute puissance, toute richesse se trouva concentrée entre les mains des Arians et où nul Arian ne fut pauvre en même temps que nul métis ne fut riche. Mais lorsque l’ère des alliages ethniques eut complètement troublé cette simplicité primitive des rapports, et que l’on vit, ce qui aurait été jugé impossible autrefois, des gens de noble extraction dans la misère, et des Slaves et des Kymris, et même des Tchoudes, des Finnois opulents, les dogmes relatifs à l’existence future se modifièrent, et l’on accepta des opinions plus conformes à la distribution contemporaine des qualités morales dans les individus (2)[2].

L’Edda partage l’univers en deux parties (3)[3]. Au centre du


étaient déjà chrétiens. (W. Muller, ouvr. cité, p. 75-79.) — Le sacrifice des chevaux était aussi, dans la plus ancienne époque germanique, comme l’asvamédha, chez les Arians Hindous, une des cérémonies du culte les plus solennelles et les plus méritoires.

(1) Cette notion se conserva très longtemps chez les Arians de l’Inde. A l’époque héroïque, elle régnait encore, ainsi que le passage suivant en fait foi. « Chi ha sortito il nascere da una schialta pari alla tua, non puô ire in infimo luogo ; per laqual cosa tu, privato della terrestre sede, vanne ai mondi dove Stella il neltare. » {Ramayana, t. VI, Ayodhyacanda, cap. LXVI, p. 394.)

(2) W. Muller, ouvr. cité, p. 410.

(3) Vœluspa, st. 2.


  1. (1) Cette notion se conserva très longtemps chez les Arians de l’Inde. A l’époque héroïque, elle régnait encore, ainsi que le passage suivant en fait foi. « Chi ha sortito il nascere da una schialta pari alla tua, non puô ire in infimo luogo ; per laqual cosa tu, privato della terrestre sede, vanne ai mondi dove Stella il neltare. » {Ramayana, t. VI, Ayodhyacanda, cap. LXVI, p. 394.)
  2. (2) W. Muller, ouvr. cité, p. 410.
  3. (3) Vœluspa, st. 2.