Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/427

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d’après la même règle dont avaient pu se réclamer jadis les Celtes romanisés eux-mêmes par la volonté du souverain.

Vers la fin du IVe siècle, presque toutes les contrées romaines, sauf l’Italie centrale et méridionale, car la vallée du Pô était déjà concédée, possédaient un nombre notable de nations septentrionales colonisées, recevant la plupart une solde. et connues officiellement sous le nom de troupes au service de l’empire, avec l’obligation, d’ailleurs assez mal remplie, de se comporter paisiblement. Ces guerriers adoptaient rapidement les mœurs et les habitudes qu’ils voyaient pratiquer par les Romains ; ils se montraient fort intelligents, et, une fois pliés aux conséquences de la vie sédentaire, ils devenaient la partie la plus intéressante, la plus sage, la plus morale, la plus facilement chrétienne des populations.

Mais jusque-là, c’est-à-dire jusqu’au Ve siècle, toutes ces colonisations, tant intérieures que frontières, n’avaient amené les Germains sur les terres de l’empire que par groupes. L’amas immense accumulé avec les siècles dans le nord de l’Europe n’avait fait encore que ruisseler par jets comparativement minces à travers les digues de la romanité. Tout à coup il les effondra, et précipita toutes ses masses, fit rouler et écumer toutes ses vagues sur cette misérable société que des échappées de son génie faisaient seules vivre depuis trois siècles, et qui enfin ne pouvait plus aller. Il lui fallait une refonte complète.

La pression exercée par les Finnois ouraliens, par les Huns blancs et noirs, par des populations énormes où se présentaient à peu près purs, à tous les degrés de combinaisons, les éléments slaves, celtiques, arians, mongols ; cette pression était devenue si violente que l’équilibre toujours chancelant des États teutoniques avait été complètement renversé dans l’Est. Les établissements gothiques s’étant écroulés, les débris de la grande nation d’Hermanaric descendirent sur le Danube, et formulèrent à leur tour la demande ordinaire : des terres romaines, le service militaire et une solde.

Après des débats assez longs, comme ils n’obtenaient pas ce qu’ils voulaient, ils se décidèrent par provision à le prendre. Faisant une pointe depuis la Thrace jusqu’à Toulouse, ils