Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/453

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quelque peu de Franks, dirigeaient cet ensemble assez peu homogène, mais n’en étaient pas les maîtres absolus.

La Bourgogne et la Suisse occidentale, en y comprenant la Savoie et les vallées du Piémont, avaient conservé beaucoup d’éléments celtiques. Dans le premier de ces pays, à la vérité, l’élément romain était le plus fort, mais il l’était moins dans les autres, et surtout l’élément burgonde avait apporté beaucoup de détritus celtiques d’Allemagne qui s’étaient assez facilement alliés au vieux fonds du pays. Des Franks, des Longobards, des Goths, des Suèves et d’autres débris germaniques, des Slaves même (1)[1], empêchaient ces contrées de présenter un tout bien homogène ; elles avaient néanmoins plus de rapports entre elles qu’avec leurs voisines. Sur leurs frontières du nord, elles ressemblaient fort aux peuples restés dans la Germanie.

La France centrale était surtout gallo-romaine. De tous les barbares qui y avaient pénétré, les Franks seuls régnaient. Les populations premières n’y avaient pas une couleur aussi sémitisée que dans la Provence ; elles ressemblaient davantage à celles de la haute Bourgogne. Il y avait de plus, dans le mélange général, la différence de mérite dans les éléments germaniques des deux pays, les Franks valant plus que les Burgondes ; du reste, les Franks, bien qu’en petit nombre chez ces derniers, les y primaient encore.

A l’ouest de la Gaule centrale s’ouvrait la petite Bretagne. Les populations à peine romanisées de cette péninsule avaient reçu, et plusieurs fois, des émigrations de la grande île. Elles n’étaient pas purement celtiques, mais d’origine belge, partant germanisées, et, dans le cours des temps, d’autres alliages germaniques avaient encore modifié leur essence. Les Bretons du continent représentaient un groupe mixte où l’élément


(1) On en retrouve des traces au canton du Valais, à Granges (Gradec), dans les villages de Krimenza (Kremenica), Luc (Luka), Visoye, Grava, etc. Les Allemands des environs les appellent des Huns. (Schaffarik, Slawiche Alterth., t. I, p. 329.) — Le lac de Thun s’appelait, au VIIe siècle, lacus Vendalicus ; on le nomma plus tard Wendensee. (Ibid., p. 420, note 4.)


  1. (1) On en retrouve des traces au canton du Valais, à Granges (Gradec), dans les villages de Krimenza (Kremenica), Luc (Luka), Visoye, Grava, etc. Les Allemands des environs les appellent des Huns. (Schaffarik, Slawiche Alterth., t. I, p. 329.) — Le lac de Thun s’appelait, au VIIe siècle, lacus Vendalicus ; on le nomma plus tard Wendensee. (Ibid., p. 420, note 4.)