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constitution intime des groupes germaniques eux-mêmes. Essentiellement mixtes et éloignés de ne compter que des guerriers de noble origine, ils traînaient à leur suite, ainsi qu’on l’a vu, de nombreuses bandes serviles, celtiques et wendes. Quand leurs nations émigraient ou périssaient, c’était surtout la partie illustre qui, en elles, était frappée, et les traces subsistantes de leur occupation se retrouvaient infailliblement dans la personne des karls et des traells, deux classes que les catastrophes politiques n’atteignaient que par contre-coup, mais qui possédaient une bien faible proportion de l’essence scandinave. Au contraire, les nations slaves perdaient-elles leurs nobles, elles n’en devenaient que plus émancipées de cette influence arianisée qui les détournait de leur véritable nature. Pour ces deux raisons, la disparition des Germains d’une part, de l’autre l’épuisement des aristocraties wendes, les populations de l’Allemagne, d’ailleurs composées sur les différents points des mêmes doses ethniques en quantités spéciales, ce qui est aussi l’origine de leurs dispositions faiblement sporadiques, se trouvèrent définitivement très peu germanisées. Tout en porte témoignage, les institutions commerciales, les habitudes rurales, les superstitions populaires, la physionomie des dialectes, les variétés physiologiques. De même qu’il n’est pas rare de trouver dans la forêt Noire, non plus qu’aux environs de Berlin, des types parfaitement celtiques ou slaves, de même il est facile d’observer que le naturel doux et peu actif de l’Autrichien et du Bavarois n’a rien de cet esprit de feu qui animait le Frank ou le Longobard (1)[1].

Ce fut sur ces populations que les Saxons et les Normands eurent à agir, absolument comme les Germains avaient agi sur

(1) Haxthausen, Études sur la situation intérieure, la vie nationale et les institutions rurales de la Russie, Hanovre, 1817, in-8o, t. 1, p. III. — En recherchant l’origine de plusieurs coutumes qui exercent une influence décisive sur l’existence agricole en Allemagne, cet auteur démontre qu’on arrive immédiatement à une inspiration slave. — Quant aux dialectes allemands modernes, la présence d’abondants éléments celtiques dans leur contexture n’est pas mise en question. (Voir Grimm, Geschichte der teutschen Sprache, t. 1, p. 287 ; Mone, Th. p. 353 ; Keferstein, Keltische Alterth., t. I, p. XXXVIII, etc.)


  1. (1) Haxthausen, Études sur la situation intérieure, la vie nationale et les institutions rurales de la Russie, Hanovre, 1817, in-8o, t. 1, p. III. — En recherchant l’origine de plusieurs coutumes qui exercent une influence décisive sur l’existence agricole en Allemagne, cet auteur démontre qu’on arrive immédiatement à une inspiration slave. — Quant aux dialectes allemands modernes, la présence d’abondants éléments celtiques dans leur contexture n’est pas mise en question. (Voir Grimm, Geschichte der teutschen Sprache, t. 1, p. 287 ; Mone, Th. p. 353 ; Keferstein, Keltische Alterth., t. I, p. XXXVIII, etc.)