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des masses à peu de chose près semblables. Quant au théâtre des nouveaux exploits qui s’opérèrent, il fut identiquement le même, avec cette différence que, les forces employées étant moins considérables, les résultats géographiques restèrent plus limités.

Les Normands reprirent d’abord l’œuvre des tribus gothiques. Navigateurs aussi hardis, ils poussèrent leurs expéditions principales dans l’est, franchirent la Baltique, vinrent aborder sur les plages où avaient débuté les ancêtres d’Hermanarik, et, traversant, l’épée au poing, toute la Russie, allèrent, d’un côté, lier des rapports de guerre, quelquefois d’alliance, avec les empereurs de Constantinople, tandis que, de l’autre, leurs pirates étonnaient et épouvantaient les riverains de la Caspienne (1)[1].

Ils se familiarisèrent si bien avec les contrées russes, ils y donnèrent une si haute idée de leur intelligence et de leur courage, que les Slaves de ce pays, faisant l’aveu officiel de leur impuissance et de leur infériorité, implorèrent presque unanimement leur joug. Ils fondèrent d’importantes principautés. Ils restaurèrent en quelque sorte Asgart, et le Gardarike, et l’empire des Goths. Ils créèrent l’avenir du plus imposant des États slaves, du plus étendu, du plus solide, en lui donnant pour premier et indispensable ciment leur essence ariane. Sans eux la Russie n’eût jamais existé (2)[2].

(1) Mémoires de l’Académie de Saint-Pétersbourg, 1848, t. IV, p. 182 et pass.

(2) Ljudbrand de Ticino, évéque de Crémone, mort en 979, dit que le peuple appelé russe par les Grecs est nommé normand par les Occidentaux. (Munch, ouvr. cité, p. 55.) Au Xe siècle, les Russes, et il faut comprendre sous ce nom la portion dominante de la nation, parlaient le scandinave. Le territoire de cet idiome comprenait les plaines du lac Ladoga, du lac Ilmen et le haut Dnieper. (Schaffarik, 'ouvr. cité, t. I, p. 143.) Les Normands russes portaient plus particulièrement le nom de Warègues. Il est aussi ancien que le nom d’Ase, de Goth et de Saxon, et remonte comme eux à la pure souche ariane. Les Grecs connaissaient dans la Drangiane une nation sarmate appelée par eux Saraggoï, et qui s’intitulait elle-même Zaranga ou Zaryanga, dont la forme zend est Zarayangh. Pline transcrit ce mot en en faisant Evergetæ. (Westergaard et Lassen, Achemen Keilinschriften, p. 55.


  1. (1) Mémoires de l’Académie de Saint-Pétersbourg, 1848, t. IV, p. 182 et pass.
  2. (2) Ljudbrand de Ticino, évéque de Crémone, mort en 979, dit que le peuple appelé russe par les Grecs est nommé normand par les Occidentaux. (Munch, ouvr. cité, p. 55.) Au Xe siècle, les Russes, et il faut comprendre sous ce nom la portion dominante de la nation, parlaient le scandinave. Le territoire de cet idiome comprenait les plaines du lac Ladoga, du lac Ilmen et le haut Dnieper. (Schaffarik, 'ouvr. cité, t. I, p. 143.) Les Normands russes portaient plus particulièrement le nom de Warègues. Il est aussi ancien que le nom d’Ase, de Goth et de Saxon, et remonte comme eux à la pure souche ariane. Les Grecs connaissaient dans la Drangiane une nation sarmate appelée par eux Saraggoï, et qui s’intitulait elle-même Zaranga ou Zaryanga, dont la forme zend est Zarayangh. Pline transcrit ce mot en en faisant Evergetæ. (Westergaard et Lassen, Achemen Keilinschriften, p. 55. — Niebuhr, Inscript, pers., tabl. I, XXXI.) Ce nom de Saraggoï, Zaranga, Evergetae, ou Waregh, fut aussi apporté en France, où il a laissé des traces qui survivent jusqu’à ce jour dans les noms de Varange, de Varangeville et autres. — Il est très important de ne rien négliger de tout ce qui démontre à quel point les Arians du nord restèrent, tant qu’ils vécurent, rapprochés, malgré les distances de leur souche originelle.