Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/486

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les antagonismes et les conflits éclatèrent avec une extrême vivacité et durèrent plus longtemps qu’ailleurs, parce qu’ils se prononcèrent plus tôt qu’en Allemagne et finirent plus tard qu’en Italie.

La catégorie des cultivateurs libres, des hommes de guerre indépendants, disparut peu à peu devant le besoin général de protection. De même on vit de moins en moins des chevaliers n’obéissant qu’au roi. Moyennant l’abandon d’une partie de ses droits, chacun voulut et dut acheter l’appui de plus fort que lui. De cet enchaînement universel des fortunes résultèrent beaucoup d’inconvénients pour les contemporains et pour leurs descendants, un acheminement irrésistible vers le nivellement universel (1)[1].

Les communes n’atteignirent jamais un bien haut degré de puissance. Les grands fiefs eux-mêmes devaient à la longue s’affaiblir et cesser d’exister. De grandes indépendances personnelles, des individualités fortes et fières, constituaient autant d’anomalies, qui tôt ou tard allaient fléchir devant l’antipathie si naturelle de la romanité. Ce qui persista le plus longtemps, ce fut le désordre, dernière forme de protestation des éléments


partie, remplacées par celle des colliberti, qui n’a pas une longue existence. Le serf, à son tour, se montre moins fréquemment, et c’est le villanus, le rusticus, l’homo potestatis qui lui succèdent. » On voit par là quelle rapidité de modifications, toutes favorables à la romanité, s’opérait dans cette société en fusion. (Voir aussi, même ouvr., t. I, p. 392.)

(1) Les appréciations de Palsgrave sur la constitution politique de la Gaule dans la première partie des âges moyens sont, en grande partie, ce que l’on a écrit de plus vrai et de plus clair sur ce sujet, en apparence compliqué. Il montre très bien : 1o que l’idée d’étudier la France d’alors dans son étendue d’aujourd’hui est une erreur, et que nulle institution d’alors ne pouvait viser à satisfaire un tel ensemble, puisqu’il n’existait pas ; 2o il établit que les communes modernes n’ont jamais commencé, parce que les communes gallo-romaines et gallo-frankes n’ont jamais fini. (Palsgrave, the Rise and Progress of the English Commonwealth, t. I, pp. 494, 545 et seqq.) — Voir également C. Leber, Histoire du pouvoir municipal en France, Paris, 1829, in-8o. Ouvrage excellent et qui a été mis à contribution plus souvent que les emprunteurs ne l’ont avoué. — Raynouard, Histoire du droit municipal en France, Paris, 1829, 2 vol. in-8o. Livre tout romain.


  1. (1) Les appréciations de Palsgrave sur la constitution politique de la Gaule dans la première partie des âges moyens sont, en grande partie, ce que l’on a écrit de plus vrai et de plus clair sur ce sujet, en apparence compliqué. Il montre très bien : 1o que l’idée d’étudier la France d’alors dans son étendue d’aujourd’hui est une erreur, et que nulle institution d’alors ne pouvait viser à satisfaire un tel ensemble, puisqu’il n’existait pas ; 2o il établit que les communes modernes n’ont jamais commencé, parce que les communes gallo-romaines et gallo-frankes n’ont jamais fini. (Palsgrave, the Rise and Progress of the English Commonwealth, t. I, pp. 494, 545 et seqq.) — Voir également C. Leber, Histoire du pouvoir municipal en France, Paris, 1829, in-8o. Ouvrage excellent et qui a été mis à contribution plus souvent que les emprunteurs ne l’ont avoué. — Raynouard, Histoire du droit municipal en France, Paris, 1829, 2 vol. in-8o. Livre tout romain.