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que son sang n’était plus assez pur pour lui donner la conscience du tort qu’on lui faisait, et lui fournir des forces suffisantes pour la résistance. Moins romanisé que la bourgeoisie, qui à son tour l’était moins que le peuple, il l’était beaucoup cependant ; ses efforts attestèrent, par la dose d’énergie qu’on y peut constater, la mesure dans laquelle il possédait encore les causes ethniques de sa primitive supériorité (1)[1]. Ce fut dans les contrées où avaient existé les principaux établissements des Franks que l’opposition chevaleresque se signala davantage ; au delà de la Loire, il n’y eut pas, en général, une volonté aussi persistante. Enfin, avec le temps, à des nuances près, un niveau de soumission s’étendit partout, et la romanité commença à reparaître, presque reconnaissable, comme le XVe siècle finissait.

Cette explosion des anciens éléments sociaux fut puissante, extraordinaire ; elle usa avec empire des alliages germaniques qu’elle avait réussi à dompter et à tourner en quelque sorte contre eux-mêmes ; elle les employa à battre en brèche les créations qu’ils avaient jadis produites en commun avec elle  ; elle voulut reconstruire l’Europe sur un nouveau plan de plus en plus conforme à ses instincts, et avoua hautement cette prétention.

L’Italie du sud et celle du centre se retrouvaient à peu près à la même hauteur que la Lombardie déchue. Les rapports que cette dernière contrée avait, quelques siècles en çà,


(1) La décomposition ethnique de la noblesse française avait commencé du jour où les leudes germaniques s’étaient alliés au sang des leudes gallo-romains ; mais elle avait marché vite, en partie parce que les guerriers germaniques s’étaient éteints en grand nombre dans les guerres incessantes, et parce que des révolutions fréquentes leur avaient substitué des hommes venus de plus bas. C’est ainsi que, sur l’autorité d’une chronique (Gesta Consul. Andegav., 2), M. Guérard constate une des phases principales de cette dégénération : « Au milieu des troubles et des secousses de la société, il s’éleva de toutes parts des hommes nouveaux sous le règne de Charles le Chauve. De petits vassaux s’érigèrent en grands feudataires et les officiers publics du royaume en seigneurs presque indépendants. » (Ouvr. cité, t.I, p. 205.)


  1. (1) La décomposition ethnique de la noblesse française avait commencé du jour où les leudes germaniques s’étaient alliés au sang des leudes gallo-romains ; mais elle avait marché vite, en partie parce que les guerriers germaniques s’étaient éteints en grand nombre dans les guerres incessantes, et parce que des révolutions fréquentes leur avaient substitué des hommes venus de plus bas. C’est ainsi que, sur l’autorité d’une chronique (Gesta Consul. Andegav., 2), M. Guérard constate une des phases principales de cette dégénération : « Au milieu des troubles et des secousses de la société, il s’éleva de toutes parts des hommes nouveaux sous le règne de Charles le Chauve. De petits vassaux s’érigèrent en grands feudataires et les officiers publics du royaume en seigneurs presque indépendants. » (Ouvr. cité, t.I, p. 205.)