Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/513

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partie étrangère au sang mongol, les parents employaient le même procédé qu’en Amérique pour repétrir la tête des nouveau-nés, et leur procurer plus tard une ressemblance factice avec la race aristocratique. Or, comme il n’est pas admissible que le fait d’avoir le front fuyant puisse répondre à une idée innée de belle conformation, on doit croire que les indigènes américains ont été amenés au désir de retoucher l’apparence physique de leurs générations par quelques indices qui les portaient à considérer les fronts fuyants comme la preuve d’un développement enviable des facultés actives, ou, ce qui revient au même, comme la marque d’une supériorité sociale quelconque. Il n’y a pas de doute que ce qu’ils voulaient imiter, c’était la tête pyramidale du Malais, forme mixte entre la disposition de la boite crânienne du Finnois et celle du nègre. La coutume d’aplatir le front des enfants est ainsi une preuve de plus de la nature malaise des plus puissantes tribus américaines ; et je conclus en répétant qu’il n’y a pas de race d’Amérique proprement dite, ensuite que les indigènes de cette partie du monde sont de race mongole, différemment affectés par des immixtions soit de noirs purs, soit de Malais. Cette partie de l’espèce humaine est donc complètement métisse.

Il y a plus ; elle l’est depuis des temps incalculables, et il n’est guère possible d’admettre que jamais le soin de se maintenir pures ait inquiété ces nations. À en juger par les faits, dont les plus anciens sont malheureusement encore assez modernes, puisqu’ils ne s’élèvent pas au-dessus du Xe siècle de notre ère, les trois groupes américains, sauf de rares exceptions, ne se sont, en aucun temps, fait le moindre scrupule de mêler leur sang. Dans le Mexique, le peuple conquérant se rattachait les vaincus par des mariages pour agrandir et consolider sa domination. Les Péruviens, ardents prosélytes, prétendaient augmenter de la même manière le nombre des adorateurs du soleil. Les Guaranis, ayant décidé que l’honneur d’un guerrier consistait à avoir beaucoup d’épouses étrangères à sa tribu, harcèlent sans relâche leurs voisins dans le but principal, après avoir tué les hommes et les enfants, de