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cheveux, cherchaient une terre où ils pussent continuer l’existence indépendante et fière des antiques odels arians. Habitués que nous sommes à considérer l’Islande dans son état actuel, stérilisée par l’action volcanique et l’invasion croissante des glaces, nous nous la figurons, au début des âges moyens, peu peuplée comme nous la voyons aujourd’hui, réduite au rôle d’annexe des autres pays normands, et nous méconnaissons l’activité dont elle était alors le foyer. Il est facile de rectifier d’aussi fausses préventions.

Cette terre, choisie par l’élite des nobles norwégiens, était un foyer de grandes entreprises où abondaient constamment tous les hommes énergiques du monde Scandinave (1)[1]. Il en partait, chaque jour, des expéditions qui s’en allaient à la pêche de la baleine et à la recherche de nouvelles contrées, tantôt dans l’extrême nord-ouest, tantôt dans le sud-ouest. Cet esprit remuant était entretenu par la foule des scaldes et des moines érudits qui, d’une part, avaient porté au plus haut degré la science des antiquités du Nord et fait de leur nouveau séjour la métropole poétique de la race, et qui, de l’autre, y attiraient incessamment la connaissance des littératures méridionales, et traduisaient dans le langage usuel les principales productions des pays romans (2)[2].

L’Islande était donc, au x* siècle, un territoire très intelligent, très populeux, très actif, très puissant, et ses habitants le démontrèrent bien par ce fait, qu’arrivés et établis dans leur île en 874, ils fondaient leurs premiers établissements groënlandais en 9S6. Nous n’avons eu d’exemple d’une pareille exubérance de forces que chez les Carthaginois. C’est que l’Islande était, en effet, comme la cité de Didon, l’oeuvre d’une race aristocratique parvenue, avant d’agir, à tout son développement, et cherchant dans l’exil non seulement le maintien, mais encore le triomphe de ses droits.

(1) Les preuves abondent de toutes parts dans les annales des royaumes Scandinaves, mais ce sont surtout les chroniques islandaises qui présentent le tableau le plus vivant des faits. Il suffit de les feuilleter pour être convaincu.

(2) Weinhold, Die deutschen Frauen im Mittelalter, p. 187 et ailleurs.

  1. (1) Les preuves abondent de toutes parts dans les annales des royaumes Scandinaves, mais ce sont surtout les chroniques islandaises qui présentent le tableau le plus vivant des faits. Il suffit de les feuilleter pour être convaincu.
  2. (2) Weinhold, Die deutschen Frauen im Mittelalter, p. 187 et ailleurs.