Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que dans tous les partis, et surtout parmi les conservateurs, il se soit trouvé des voix, au nombre desquelles on a compté injustement celle d’Aristophane, pour demander son châtiment et porter sa condamnation. Socrate était l’antagoniste du patriotisme absolu. À ce titre, il méritait que ce système le frappât. Pourtant, il y avait quelque chose de si pur et de si noble dans sa doctrine, que les honnêtes gens en étaient préoccupés malgré eux. Une fois dans le tombeau, on regretta le sage, et le peuple assemblé au théâtre de Bacchus fondit en larmes lorsque le chœur de la tragédie de Palamède, inspiré par Euripide, chanta ces tristes paroles : « Grecs, vous avez mis à mort le plus savant rossignol des Muses, qui n’avait fait de mal à personne, le plus savant personnage de la Grèce. » On le pleura ainsi disparu. Si le ciel l’eût soudain ressuscité, nul ne l’en aurait écouté davantage. C’était bien le rossignol des Muses que l’on regrettait, l’homme éloquent, discuteur habile, logicien ingénieux. Le dilettantisme artistique pleurait, le cœur s’affligeait ; quant au sens politique, il était inconvertissable, parce qu’il fait partie intime, intégrante, de la nature même des races, et reflète leurs défauts comme leurs qualités.

Je me suis montré assez peu admirateur des Hellènes au point de vue des institutions sociales pour avoir, maintenant, le droit de parler avec une admiration sans bornes de cette nation, lorsqu’il s’agit de la considérer sur un terrain où elle se montre la plus spirituelle, la plus intelligente, la plus éminente qui ait jamais paru. Je m’incline avec sympathie devant les arts qu’elle a si bien servis, qu’elle a portés si haut, tout en réservant mon respect pour des choses plus essentielles.

Si les Grecs devaient leurs vices à la portion sémitique de leur sang, ils lui devaient aussi leur prodigieuse impressionnabilité, leur goût prononcé pour les manifestations de la nature physique, leur besoin permanent de jouissances intellectuelles.

Plus on s’enfonce vers les origines à demi blanches de l’antiquité assyrienne, plus on trouve de beauté et de noblesse, en même temps que de vigueur, dans les productions des arts. De même, en Égypte, l’art est d’autant plus admirable et puissant, que le mélange du sang arian, étant moins ancien